Après quatre ans de tergiversations, la Ville de Montréal propose de demander à CDPQ Infra d’ajouter une station du Réseau express métropolitain (REM) à Pointe-Saint-Charles pour desservir le secteur Bridge-Bonaventure, enclavé.

L’information se trouve dans le Plan directeur de mise en valeur de la Ville de Montréal qui a circulé en mars dernier.

La version définitive de ce document sera soumise aux commentaires du public par le truchement de l’Office de consultations publiques de Montréal (OCPM) d’ici l’automne. L’exercice avait déjà été réalisé en 2019.

« Une demande d’ajout d’une station du REM » devient même, selon la Ville, une condition à la construction de logements aux abords du bassin Peel et sur le site de la société Ray-Mont Logistiques, entreprise de manutention de conteneurs qui occupe une frange industrielle le long de la rue Wellington. À l’heure actuelle, le quartier du bassin Peel, aussi appelé bassin Wellington, est une zone industrielle grandement dévitalisée.

Montréal connaît une crise du logement qui se traduit par une progression fulgurante du prix des propriétés et une inflation des loyers. D’aucuns voient dans le réaménagement de Bridge-Bonaventure une occasion unique d’augmenter l’offre de logements en ajoutant une vocation résidentielle au secteur servant de porte d’entrée sud-ouest au centre-ville.

La station sera toutefois payée en partie par des partenaires, précise le document, sans préciser lesquels.

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Le REM en construction à l’angle des rues Saint-Patrick et Wellington

Une page du document de la Ville cible l’emplacement de la station supplémentaire à proximité des rues Saint-Patrick et Wellington.

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on a confirmé l’information tout en insistant que la vision du projet pourrait être amenée à évoluer puisque la Ville est encore à l’étape de la planification.

Le Groupe Devimco, principal propriétaire foncier du secteur, se réjouit de la volonté de l’administration municipale d’y améliorer la desserte de transports en commun.

À un évènement de presse mardi, le président de Devimco, Serge Goulet, a dit n’être nullement inquiet que CDPQ Infra aille de l’avant avec une gare additionnelle en raison de la redevance de 100 $ par mètre carré construit autour de la future station. La gare du bassin Peel a le potentiel, selon lui, de devenir la plus profitable du REM. M. Goulet estime à 50 millions minimalement la somme qui sera versée au REM. À titre d’exemple, le projet mixte Solar Uniquartier de Devimco, à Brossard, qui compte environ 2600 logements, va rapporter à terme 45 millions en redevances au REM.

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Serge Goulet, président et cofondateur du Groupe Devimco

Une saga en soi

L’emplacement de la gare au bassin Peel est une vraie saga. À l’annonce du projet de la Caisse de dépôt et placement en 2016, la gare se trouve sous le bassin Peel. En 2018, la station souterraine disparaît, car trop coûteuse. Son emplacement reste alors à déterminer.

La Ville a finalement tranché en octobre 2019, à quelques jours de la consultation publique menée par l’OCPM sur l’avenir de ce secteur, pour que la gare soit aménagée au nord du bassin Peel. Elle portera le nom de Griffintown–Bernard-Landry.

Au même moment, la Ville évoquait la possibilité de construire une seconde gare dans le quartier, cette fois au sud du canal de Lachine.

Après, ce fut le silence radio jusqu’en mars 2022. Par exemple, en mai 2021, les cahiers préparés en vue des ateliers de consultation citoyenne organisés par l’Institut du Nouveau Monde restaient muets sur l’emplacement précis de la future gare.

En savoir plus
  • 2,3 km⁠2
    Superficie du secteur Bridge-Bonaventure, situé au sud-ouest du centre-ville
    Source : Plan directeur de mise en valeur du secteur Bridge-Bonaventure, mars 2022