(Washington) Le ministre canadien des Transports détecte un « changement » positif dans l’approche de l’administration américaine de Joe Biden à l’égard du Canada.

Omar Alghabra a passé la journée de mardi à Washington, où il a rencontré des responsables américains, dont son homologue, Pete Buttigieg, et le conseiller principal de la Maison-Blanche Mitch Landrieu.

Le ministre soutient que la guerre en Ukraine a recadré un peu les relations de l’administration américaine avec d’importants partenaires commerciaux des États-Unis, notamment le Canada.

M. Alghabra a indiqué qu’il avait réitéré mardi l’opposition du Canada au plan initial du président Joe Biden visant à offrir des incitatifs fiscaux supplémentaires pour l’achat de véhicules électriques assemblés aux États-Unis.

Cette version du plan initial s’est effondrée en décembre lorsque le sénateur Joe Manchin a bloqué le vaste projet de loi « Build Back Better » de 2000 milliards de l’administration Biden.

La Maison-Blanche travaille actuellement sur une version réduite du plan, mais on ne sait toujours pas si l’administration Biden ramènera dans leur forme originale les crédits d’impôt pour véhicules électriques – qui, selon Ottawa, feraient très mal à l’industrie automobile canadienne.

« Il y a, je pense, un nouveau cadre pour les conversations qui ont lieu aux États-Unis, a déclaré M. Alghabra dans une entrevue jeudi. Bien que je ne sache pas quel est l’avenir du crédit d’impôt pour les véhicules électriques aux États-Unis, j’ai bon espoir que nous entrons maintenant dans un nouveau type de discussions. »

Le vote du sénateur Manchin, démocrate modéré de Virginie-Occidentale, est devenu un facteur clé à la chambre haute, divisée 50-50 entre démocrates et républicains. Il a suggéré récemment qu’il n’appuierait jamais une mesure qui nuirait à l’industrie automobile canadienne.

M. Manchin, qui préside le comité sénatorial de l’énergie et des ressources naturelles, a accueilli plus tôt ce mois-ci Jason Kenney lorsque le premier ministre de l’Alberta a témoigné en personne au Capitole.

Les deux hommes sont devenus des alliés, de part et d’autre de la frontière, alors que les États-Unis cherchent des moyens à la fois de lutter contre l’inflation tout en réduisant leur dépendance aux combustibles fossiles de régimes hostiles. M. Kenney, quant à lui, continue d’inciter l’administration Biden à compter davantage sur le Canada pour ses besoins énergétiques à court terme.

Après cette audience du 17 mai, le sénateur Manchin a déclaré qu’il s’attendait à ce que la Maison-Blanche travaille toujours sur une sorte de programme visant à encourager les consommateurs américains à acheter plus de véhicules électriques et à réduire la dépendance des États-Unis à l’essence.

Mais il a insisté sur le fait qu’il n’appuierait aucune mesure qui nuirait aux constructeurs automobiles au nord de la frontière. « Il est absolument hors de question de causer ce type de dommage, a assuré M. Manchin. Je ne voterai jamais pour ça. »

MM. Manchin et Kenney ont tous les deux exprimé leur soutien à l’idée d’une « alliance » énergétique canado-américaine plus étroitement intégrée. Cette alliance se concentrerait sur le besoin d’énergie traditionnelle à court terme, ainsi que sur des chaînes d’approvisionnement bilatérales fiables pour les minéraux critiques, si essentiels à la production de batteries pour les véhicules électriques.

Le ministre Alghabra a déclaré que le rôle que le Canada pourrait jouer dans le renforcement des chaînes d’approvisionnement américaines pour ces minéraux suscite également un intérêt accru au sud de la frontière. « Nous avons plus de ces minéraux critiques, et certains types de minéraux critiques que les États-Unis n’ont pas, a-t-il souligné. Il y a un nouvel intérêt pour ce nouveau cadre qui, je pense, n’existait peut-être pas l’année dernière. »