Les croquettes de similipoulet, les saucisses végétariennes ou les boulettes de protéines végétales coûtent en moyenne 38 % plus cher que la viande, et ce, même si le prix de celle-ci a considérablement augmenté depuis le début de l’année, conclut un rapport réalisé par le Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, en partenariat avec BetterCart Analytics.

Alors que le prix pour une quantité de 100 grammes de croquettes de poulet est d’environ 1,34 $, il en coûte 2,74 $ pour son équivalent en protéines végétales. Il s’agit du plus grand écart entre les deux catégories, indique le rapport. Les fameuses galettes pour hamburgers déjà façonnées sont vendues 2,84 $/100 g en version végétale contre 1,66 $/100 g pour celles préparées avec de la viande.

« L’étude a exclu certains produits à base de protéines animales comme les produits laitiers et d’autres substituts à base de protéines végétales comme le tofu et les protéines végétales non transformées comme les pois chiches et les lentilles, car les comparaisons n’étaient pas possibles », précise-t-on dans le rapport.

On s’est donc concentré sur la viande, ses équivalents et leur prix dans les commerces. « Je ne m’attendais pas à ça du tout », reconnaît Sylvain Charlebois, directeur du laboratoire qui a mené l’étude, lorsque La Presse l’a interrogé à propos des résultats obtenus.

Sa surprise vient du fait que le coût de la viande a considérablement augmenté depuis le début de l’année. Or, la différence de prix entre l’option faite de viande et son équivalent végétal demeure tout de même assez grande, constate-t-il.

« Depuis quelques années, il y a beaucoup de tapage avec les protéines végétales », souligne-t-il en rappelant l’arrivée du burger Beyond Meat chez A&W en 2018.

On s’attendait, avec un marché à maturité ou presque, à avoir de meilleurs prix. On voit vraiment qu’elles ne se présentent pas comme une source de protéines plus abordable pour un consommateur qui recherche des aubaines.

Sylvain Charlebois, directeur du laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie

Pour les trois mois à l’étude, de janvier à mars, seule la dinde (3,63 $/100 g) se vendait plus cher que son « imitation » végétale (3,20 $/100 g). « La dinde, ce n’est pas vraiment un produit attirant pour cette période-là de l’année », souligne M. Charlebois afin d’expliquer cette exception par rapport aux autres catégories.

En faisant une comparaison par province, le rapport montre que pour les consommateurs québécois, le prix moyen pour 100 grammes de viande est de 1,81 $, contre 2,47 $ pour la même quantité en protéine végétale (écart de 0,66 $). L’Ontario (0,84 $) et la Saskatchewan (0,69 $) sont les deux endroits au Canada où l’écart entre les deux catégories de produits est le plus grand.

À la lumière de ces résultats, Sylvain Charlebois estime que l’on « va devoir se poser de sérieuses questions pour savoir ce qu’on fait avec cette catégorie-là ». Pour le moment, il qualifie les protéines végétales imitant la viande de « produits de luxe ».

« Est-ce qu’on positionne la catégorie comme étant compétitive ou non ? Quel est le rôle de ces produits équivalents ? Est-ce qu’on cherche à attirer les flexitariens qui veulent consommer une protéine végétale une fois de temps en temps, ou est-ce qu’on veut convertir des clients pour qu’ils en consomment plus fréquemment ? Pour le moment, je ne vois pas comment on peut faire ça avec une différence de prix si importante. »