« Il faut s’attendre à ce que le Québec soit vraiment connu comme une destination gastronomique en Amérique du Nord », affirme Félix-Antoine Joli-Cœur, initiateur de la Table ronde. Lancé lundi, ce collectif, visant à favoriser l’essor économique et le rayonnement de la gastronomie d’ici, réunit plus d’une trentaine de chefs québécois autour d’une même table. Une première.

Le gouvernement Legault met également la main à la pâte avec l’annonce d’une aide financière de 990 000 $. Un geste salué par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Pendant ce temps dans la métropole, l’Office montréalais de la gastronomie, dont la création a été annoncée en septembre 2021 par la mairesse Valérie Plante, est prêt à passer à l’action pour faire rayonner la cuisine d’ici à l’étranger. Sur deux fronts, ces organisations multiplient donc les efforts. L’industrie de la gastronomie a généré des recettes de 136,6 millions en 2019 au Québec, selon une étude réalisée par M. Joli-Cœur, intitulée Chefs et restaurateurs indépendants de la gastronomie québécoise – Un levier pour la relance économique de Montréal et du Québec.

« La gastronomie n’est pas plus sophistiquée au Danemark qu’au Québec, tient à souligner M. Joli-Cœur, en faisant référence à l’engouement suscité par Copenhague. C’est juste qu’eux, ils travaillent ensemble avec l’appui du gouvernement et des gens d’affaires, ajoute au bout du fil, celui qui est également président d’IdéesFX. Cette organisation va vraiment amener la gastronomie québécoise au prochain niveau. »

Ainsi, près de 35 chefs restaurateurs, de partout dans la Belle Province, comme Colombe St-Pierre (Chez Saint-Pierre), Perle Morency (Côté Est), Normand Laprise (Toqué !) et Véronique Rivest (Soif), se sont réunis lundi au Château Frontenac, dans le cadre de l’assemblée de fondation, pour discuter et faire avancer des enjeux touchant leur industrie.

Faire en sorte que les restaurateurs puissent s’unir pour s’approvisionner en oursins du Québec au lieu de les voir partir vers le Japon, comme c’est le cas actuellement, promouvoir l’utilisation du sel du Saint-Laurent plutôt que l’importer d’Europe font notamment partie des dossiers sur la table.

« Au même titre qu’on veut trouver des partenaires pour lancer la filière batteries, il faudrait trouver des partenaires financiers pour lancer l’industrie du sel fin, relève M. Joli-Cœur. On est obsédé par rapport au sel. »

« Je n’ai jamais vu autant de chefs réunis, raconte Helena Loureiro, chef propriétaire des restaurants Helena et Portus 360. C’est magique. On se connaît tous, mais normalement, on n’a pas le temps de se parler. »

« Stimuler la production et l’achat québécois est l’une des priorités de notre gouvernement pour assurer la croissance et la pérennité des entreprises de toutes les régions, a déclaré le ministre de l’Économie et de l’Innovation et ministre responsable du Développement économique régional, Pierre Fitzgibbon, dans un communiqué.

La table ronde a le potentiel de faire rayonner davantage nos producteurs et nos produits d’ici. En appuyant ce projet, on lui donne les moyens d’aller au bout de ses idées et de favoriser la vitalité économique de tout le Québec.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation et ministre responsable du Développement économique régional

Pendant ce temps à Montréal

Dans la métropole, l’Office montréalais de la gastronomie, qui relève de Tourisme Montréal, se dit prêt à passer à l’action pour faire la promotion des restaurateurs et des producteurs. Il faut que les gens en viennent à dire : « On vient à Montréal pour manger », a soutenu Manuela Goya, vice-présidente, développement de la destination et affaires publiques, de Tourisme Montréal, au cours d’une entrevue lundi au Marché Jean-Talon.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Manuela Goya, vice-présidente développement de la destination et affaires publiques pour Tourisme Montréal

À un moment donné, il faut passer en deuxième vitesse et c’est ce que nous faisons avec l’Office.

Manuela Goya, vice-présidente, développement de la destination et affaires publiques, de Tourisme Montréal

Donner les moyens à des chefs d’ici de participer à des évènements à l’étranger, contribuer financièrement pour établir des circuits courts entre producteurs et restaurateurs, faire la promotion des marchés publics sont autant de gestes concrets que l’Office, qui a obtenu un budget de 925 000 $ pour la première année provenant de la Ville de Montréal, a l’intention de faire.

Boissons alcooliques d’ici

Afin de soutenir les producteurs de vin, de cidre, de bière et autres spiritueux québécois, le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, vient d’accorder 50 000 $ pour le lancement d’une consultation visant le « développement de l’expertise dans la filière des boissons ». À la lumière des résultats de cette consultation, un plan d’action sera établi, en collaboration avec l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) et l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ), pour soutenir ceux qui évoluent dans le secteur. « Il convient de souligner que ce projet est né de la volonté de l’ITAQ et de l’ITHQ de mettre en commun leur expertise pour appuyer le développement de la filière des boissons alcooliques produites au Québec, a déclaré M. Lamontagne dans un communiqué. Les missions respectives des deux partenaires sont complémentaires puisqu’elles couvrent toutes les étapes depuis la culture, soit de la terre, jusqu’à l’offre du produit à la table. »