(Québec) Une entreprise pétrolière veut bloquer l’adoption d’un projet de loi qui stopperait toute activité de recherche et d’exploitation de pétrole et de gaz au Québec.

Selon Ressources Utica, le Québec devrait plutôt alimenter l’Europe en gaz naturel.

L’entreprise a écrit aux élus de l’Assemblée nationale pour qu’ils votent contre le texte qui est rendu aux étapes finales du processus législatif.

Ressources Utica possède des autorisations dans le domaine des hydrocarbures délivrées par le gouvernement et le projet de loi prévoit de l’indemniser pour qu’elle renonce à ses permis.

Le président d’Utica, Mario Lévesque, plaide que le Québec, avec ses réserves de gaz inexploitées, devrait plutôt alimenter l’Europe qui cherche à s’affranchir de sa dépendance envers la Russie de Vladimir Poutine, dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine.

Dans sa lettre obtenue par La Presse Canadienne, M. Lévesque plaide que « notre monde a changé » depuis l’étude du projet de loi l’hiver dernier.

Selon lui, le Québec pourrait combler jusqu’à 20 % des besoins de l’Europe en gaz naturel actuellement fourni par la Russie.

M. Lévesque soutient que le Québec « serait de loin la source de gaz la plus rapprochée de l’Europe » et il serait possible d’exporter du gaz naturel comprimé d’ici 18 à 24 mois.

Il demande aux élus de bien réfléchir aux conséquences de l’adoption de cette loi qui priverait selon lui le gouvernement de dizaines de milliards de dollars en redevances et en impôts.

Déposé en février par le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, le projet de loi 21 propose de couvrir les dépenses engagées depuis 2015 par cinq entreprises (66 millions sur les 100 millions) et couvrir les trois quarts des frais de fermeture des puits et de restauration des sites (33 millions sur les 100 millions).

Il ne prévoit aucun dédommagement pour des pertes de revenus potentielles encourues par le rachat des permis.

Ressources Utica a déjà fait savoir qu’elle contestait l’indemnité prévue par le gouvernement.

Elle réclame la juste valeur pour mettre fin à ses activités et chiffre à des « centaines de milliards de dollars » le potentiel gazier auquel le Québec renonce.

L’Association de l’énergie du Québec, qui regroupe les entreprises pétrolières et gazières, estime que le gouvernement Legault s’apprête à laisser dormir entre 45 et 200 milliards de gisements dans son sous-sol en renonçant à l’exploitation des hydrocarbures au Québec.

L’association a estimé à environ 500 millions l’indemnisation que les entreprises réclament pour les dépenses encourues et à plusieurs milliards les profits auxquels elles devraient renoncer.

Ce chiffre semble « farfelu » toutefois, de l’avis de Richard Ouellet, un expert de l’Université Laval, selon lequel il est courant de formuler des réclamations « extrêmement gonflées ».