(Ottawa) Peu de mesures directes touchent les aînés dans le dernier budget fédéral. Ceux-ci espéraient pourtant une aide au revenu pour faire face à l’inflation. Le Réseau FADOQ estime que les libéraux ont failli aux promesses qu’ils avaient faites en campagne électorale.

« Les aînés, ce sont les grands négligés de ce budget-là. Ils ont été oubliés », a dénoncé en entrevue la présidente du Réseau FADOQ, Gisèle Tassé-Goodman, vendredi. L’organisme compte 550 000 membres de 50 ans et plus partout au Québec.

Le Réseau FADOQ s’attendait à ce que le Supplément de revenu garanti soit haussé, à ce qu’un crédit d’impôt pour prolongation de carrière soit créé et à ce que le crédit d’impôt pour aidants naturels devienne remboursable. Ce sont trois promesses contenues dans la plateforme électorale des libéraux qui avait été dévoilée en septembre. Aucune de ces mesures ne se retrouve dans le budget déposé jeudi.

On entend et on voit aussi les commentaires des aînés depuis hier et la déception est grande, très grande.

Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ

Le budget contient seulement deux mesures d’aide pour les aînés : on double le crédit d’impôt pour l’accessibilité domiciliaire, qui pourrait ainsi atteindre 3000 $, et on offre un financement de 20 millions jusqu’en 2024 pour le programme Nouveaux Horizons pour les aînés, qui finance des projets communautaires.

Le gouvernement propose également de créer un groupe d’experts pour étudier la mise sur pied d’une éventuelle allocation pour les gens qui veulent vieillir à la maison. Une augmentation de 10 % de la pension de la Sécurité de la vieillesse pour les 75 ans et plus était déjà prévue en juillet, mais le budget ne fait mention d’aucune aide au revenu supplémentaire. Les 75 ans et plus ont déjà reçu un chèque de 500 $ en août.

« Promesses trahies »

La déception des aînés s’est transportée à la Chambre des communes, vendredi, où les conservateurs et les bloquistes ont demandé au gouvernement de s’expliquer.

« On se souvient de triste mémoire que peu avant les élections, ce gouvernement avait inventé le concept de deux classes d’aînés : les 75 ans et plus et les autres, a rappelé le député conservateur Gérard Deltell. […] Qu’est-ce que le gouvernement a à dire aux aînés, ce gouvernement qui n’a rien fait pour les aider à faire face aux problèmes de l’inflation ? »

« Non seulement ils n’augmentent pas les transferts en santé, ils privent toujours les personnes âgées de moins de 75 ans de la hausse de la pension de la Sécurité de la vieillesse, mais [aussi] ils trahissent leurs propres promesses, aussi insuffisantes soient-elles », a critiqué la députée bloquiste Andréanne Larouche.

Le Bloc québécois demande une augmentation progressive de la pension de la Sécurité de la vieillesse de 110 $ par mois, échelonnée sur trois ans.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, avait rappelé jeudi que le gouvernement aurait quatre ans pour réaliser ses promesses, grâce à son entente avec le Nouveau Parti démocratique qui lui permet de gouverner comme s’il était majoritaire.

Vous n’allez pas voir tout ce que nous avons l’ambition de faire dans un premier budget. C’est le premier de quatre chapitres.

Chrystia Freeland, ministre des Finances

Lors de la période des questions vendredi, le secrétaire parlementaire de la ministre des Aînés, Darren Fisher, a souligné la création d’un nouveau programme de soins dentaires. « Les aînés âgés de 65 ans et plus dont le revenu est de moins de 90 000 $ y auront accès », a-t-il répondu aux critiques.

On ne sait pas pour l’instant quels types de soins ce nouveau programme couvrira et de quelle manière il s’appliquera au Québec.

D’autres mesures contenues dans le budget pourraient toucher les aînés indirectement. Ottawa enverra un chèque de 500 $ aux gens qui ont des difficultés d’accès à un logement abordable, mais les détails entourant cette prestation unique n’ont pas encore été dévoilés.

Le budget prévoit également un nouveau crédit d’impôt pour la rénovation d’habitations multigénérationnelles de 15 % sur un montant maximal de 50 000 $ pour la construction ou la rénovation d’un logement secondaire. Le montant du remboursement pourrait ainsi atteindre 7500 $.