Un nouveau terme valorisant, « fromage fermier », est désormais réservé aux fromages fabriqués à la ferme à partir du lait du troupeau, a annoncé le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, mardi. Pour arborer le logo, les produits devront également être conçus selon des méthodes traditionnelles non automatisées.

« C’est une bonne nouvelle », commente Marie-Pier Gosselin, copropriétaire de la fromagerie Au gré des champs. « D’une part, nous allons pouvoir nous différencier sur les tablettes et, d’autre part, ça va permettre aux consommateurs de mieux nous reconnaître », ajoute la fromagère de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Tous les types de fromage pourront porter le terme valorisant « fromage fermier », qu’ils soient affinés ou non. Ils pourront être faits à partir de laits crus, thermisés ou pasteurisés de vache, de chèvre, de brebis ou de bufflonne.

Les fromagers devront toutefois participer à la production du lait, à la fabrication des fromages et à leur mise en marché. Le cahier des charges encadrera également certains détails comme l’alimentation des troupeaux et les ingrédients prohibés dans la fabrication des fromages.

En gros, il faut que l’artisan traie ses vaches, ses chèvres ou ses brebis et que ça soit lui qui transforme le lait en fromage.

Marie-Pier Gosselin

Ce nouveau terme valorisant, le premier autorisé au Québec, va surtout limiter le nombre de producteurs qui pourront se targuer de fabriquer leurs fromages directement à la ferme. « En protégeant cette certification, ça permet d’éviter que des fromageries industrielles s’approprient ce terme », explique Marie-Pier Gosselin.

Dominic Morin, copropriétaire de la fromagerie du Presbytère, à Sainte-Élizabeth-de-Warwick, croit aussi que le nouveau terme valorisant sera un atout autant pour les producteurs que pour les consommateurs qui veulent reconnaître les produits artisanaux.

« C’est très précieux, aujourd’hui, d’être capable de se donner une appellation qui nous différencie des grandes entreprises qui essaient de se faire passer pour des artisans avec des logos, des images ou des communications », dit-il.

ILLUSTRATION FOURNIE PAR LE MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, DES PÊCHERIES ET DE L'ALIMENTATION

Le logo « Fromage fermier »

Dominic Morin croit d’ailleurs que la promotion du terroir québécois, grâce à des accréditations comme « fromage fermier », est d’une grande importance pour les petits villages comme le sien.

« J’en suis un témoin ici dans notre petite municipalité qui est encore debout avec le fromage. La fromagerie est l’âme de ce village. Nous avons encore un presbytère, une église, un magasin général et un garage dans notre village de 400 âmes », dit-il fièrement. La fromagerie de Dominic Morin et de son frère s’est installée dans l’ancien presbytère de Sainte-Élizabeth-de-Warwick à la fin des années 2000.

« Un repère de confiance »

Marie-Josée Gouin, présidente-directrice générale du Conseil des appellations réservées et des termes valorisants, est convaincue que le nouveau logo « fromage fermier » va permettre d’accroître la demande pour les produits locaux.

« Le terme valorisant, c’est un genre de certificat pour les consommateurs, c’est un repère de confiance. Ça permet au consommateur de savoir d’où vient le lait de son fromage et de s’assurer que l’artisan ne l’achète pas de la ferme voisine », explique-t-elle au téléphone.

« Cette désignation permet de démontrer que notre patrimoine gastronomique n’a rien à envier au reste du monde », a pour sa part indiqué André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, dans un communiqué de presse, mardi. « Les consommateurs désireux d’encourager les artisans-fromagers pourront dorénavant rechercher ce terme valorisant sur leurs produits préférés. C’est sans contredit un gage de qualité et de goût exceptionnel. »

En savoir plus
  • Entre 50 et 60 fromagers pourraient demander que le logo « fromage fermier » soit apposé sur leurs produits.
    source : Conseil des appellations réservées et des termes valorisants