Des entreprises de technologie financière s’unissent dans le but de travailler avec les autorités afin de mieux encadrer le secteur des cryptomonnaies sans freiner l’innovation.

Le Conseil canadien du Web3 est créé pour appuyer l’élaboration d’une stratégie nationale pour les cryptomonnaies et les actifs numériques afin de soutenir une économie numérique plus « transparente » et « inclusive », et encourager une « innovation responsable ».

Cet organisme souhaite positionner le Canada en tant que « leader mondial » dans le domaine des technologies du Web3, un terme qui fait notamment référence à la chaîne de blocs et aux cryptomonnaies.

L’organisme estime qu’il y a un besoin « urgent » de s’assurer que le Canada et ses citoyens soient bien positionnés pour bénéficier de cette catégorie d’actifs émergente.

« Il est temps pour le gouvernement de travailler avec les leaders de l’industrie pour faire en sorte que des politiques réfléchies et judicieuses soient élaborées », affirme Brian Mosoff, PDG, Ether Capital et membre fondateur du Conseil canadien du Web3.

En quête d’une stratégie solide et équitable

Si certaines entreprises ont eu dans le passé des discussions avec les autorités, Brian Mosoff s’attend à ce que l’industrie en tant que groupe puisse avoir ses premiers échanges avec les autorités au cours des prochaines semaines.

Le Conseil canadien du Web3 demande à tous les ordres de gouvernement d’établir une approche coordonnée pour réunir l’industrie et les experts afin d’élaborer une stratégie nationale « solide, équitable et pérenne » pour les cryptomonnaies et les actifs numériques.

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Brian Mosoff

« La question est de savoir quel cadre réglementaire devrait être mis en place. Des produits et services additionnels pourraient être offerts aux investisseurs via les différentes plateformes disponibles au fur et à mesure que l’industrie évolue et c’est pourquoi nous devons entretenir un dialogue permanent pour faire en sorte que les entreprises canadiennes demeurent concurrentielles à l’échelle mondiale », dit Brian Mosoff en entrevue téléphonique.

Brian Mosoff espère que la création du Conseil canadien du Web3 incitera de nouvelles entreprises à grossir les rangs de l’organisation. « Nous avons besoin de parler d’une seule voix pour [sensibiliser] les régulateurs et les décideurs politiques à ce qui se passe dans cette industrie complexe, très technique, et qui possède un lexique unique. »

Cet entrepreneur et investisseur soutient que le nombre d’emplois dans l’industrie se calcule aujourd’hui en dizaines de milliers au pays. Il croit que ce nombre a le potentiel de dépasser la marque des 100 000 assez rapidement.

Le Canada doit donc créer un environnement favorable afin de conserver ces emplois ici.

Brian Mosoff, membre fondateur du Conseil canadien du Web3

Les membres représentés par l’association sont des émetteurs de produits financiers, des plateformes d’échange, des investisseurs, etc.

L’initiative est notamment pilotée par la plateforme d’investissement autonome Wealthsimple, dont le conglomérat montréalais Power Corporation est actionnaire. Outre Wealthsimple, on retrouve des entreprises de l’espace canadien des fintechs, des cryptos et du web 3.0 (chaînes de blocs et autres technologies) comme Axiom Zen, Chainsafe Systems, Dapper Labs, Ether Capital, ETHGlobal, Figment, Ledn et WonderFi.

En retard sur le reste du monde

Le Canada a pris du retard par rapport à d’autres États qui établissent des politiques publiques, selon les membres du regroupement.

Ils soulignent qu’aux États-Unis, les décideurs politiques ont travaillé en « étroite » collaboration avec l’industrie du Web3 pour apporter plus de clarté juridique durant les quatre dernières années et citent en exemple le récent décret du président Biden. Ce décret a défini une approche pangouvernementale pour évaluer le potentiel de la chaîne de blocs et en tirer profit, disent-ils.

Ils ajoutent que l’Union européenne a de son côté reconnu l’importance d’établir une stratégie pour apporter une clarté juridique aux entreprises Web3.

« Les décideurs politiques, en collaboration avec la communauté Web3, rédigent actuellement le règlement de l’Union européenne sur les marchés des cryptoactifs, qui fournit des orientations exhaustives sur la réglementation relative aux chaînes de blocs en Europe. »

La création du Conseil canadien du Web3 survient au moment où le gouvernement du Québec se penche sur le cadre législatif et réglementaire actuel.

Dans son budget déposé la semaine dernière, Québec soulignait notamment que pour mieux protéger les Québécois contre les fraudes et les cybermenaces, en plus de permettre au gouvernement de lutter plus efficacement contre les stratagèmes d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent impliquant les cryptoactifs, des travaux sont menés pour s’assurer que le secteur des cryptoactifs se développe dans un environnement « sécuritaire et équitable pour tous ».