(Montréal) Le grand syndicat Unifor a désigné Produits forestiers Résolu pour négocier le contrat de travail modèle qui servira aux pourparlers dans l’industrie papetière de l’est du Canada et qui concerne quelque 15 000 membres.

Et l’appétit des travailleurs est grand, a prévenu en entrevue lundi Renaud Gagné, directeur québécois du syndicat Unifor, qui est affilié à la FTQ au Québec.

Traditionnellement, le contrat qui est négocié avec l’entreprise cible sert ensuite de modèle pour négocier dans les autres industries de ce secteur au Québec, en Ontario et dans les provinces de l’Atlantique.

« Un coup que le modèle est établi, les employeurs qui ne veulent pas le suivre risquent d’avoir un conflit de travail », a expliqué M. Gagné.

Le contrat modèle aborde des questions comme les salaires, les avantages sociaux et le régime de retraite. Les questions plus « locales » comme les horaires varient d’une entreprise à l’autre, selon les besoins.

Résolu a été choisie parce que l’entreprise compte plusieurs secteurs d’activité, comme la pâte, le papier journal, le papier super calandré, a expliqué M. Gagné. Aussi, la règle veut que l’entreprise désignée doive être présente dans au moins deux provinces.

« Résolu a déjà été sélectionnée dans le passé par Unifor afin de servir à établir son contrat modèle, ce n’est donc pas une première pour nous », a fait savoir l’employeur, de son côté.

Appétit salarial

La question salariale sera au cœur de cette négociation, alors qu’on est en période inflationniste et qu’il y a une rareté de main-d’œuvre dans le secteur, rapporte M. Gagné.

Unifor, qui négocie aussi dans d’autres grandes entreprises que l’industrie du papier et de la forêt, souligne que partout, les travailleurs ont des attentes élevées, maintenant.

« Les demandes sont tellement importantes en raison du coût de la vie que les gens n’acceptent pas des 2,5 %. C’est 3, 3,5 ou 4 % qu’il faut qu’il y ait sur les tables, quand ce n’est pas du rattrapage important. Et l’autre élément qui ajoute à ça, c’est le manque de main-d’œuvre », a expliqué M. Gagné.

Selon lui, la conjoncture géopolitique est aussi propice. « L’industrie du sciage a fait tellement de profits depuis pratiquement deux ans. Et le scénario risque de se continuer. Pourquoi ? Parce que la Russie va exporter moins vers l’Amérique du Nord et la Colombie-Britannique a réduit de 40 % sa capacité d’exportation. Donc, les prix risquent d’être maintenus de façon assez importante », a souligné M. Gagné.

L’employeur est prêt. « Nous allons, encore une fois, aborder l’exercice avec tout le sérieux que cela requiert. Quant au calendrier des négociations, il sera établi conjointement par les parties au cours des prochains jours », a fait savoir Résolu.