Le concepteur montréalais de jeux vidéo Behaviour Interactif entend développer de nouveaux jeux cette année, mais aussi réaliser des acquisitions. C’est pour appuyer sa démarche d’expansion que l’éditeur de jeu vient de réaliser une ronde de financement qui a fait entrer un nouvel investisseur au capital-actions.

Haveli Investments, firme privée d’investissement menée par le milliardaire américain Brian Sheth, vient d’injecter une somme non dévoilée dans l’entreprise.

NetEase, important développeur chinois de jeux vidéo qui détenait déjà une participation de 20 % dans Behaviour avant cette ronde de financement, injecte aussi de nouvelles sommes dans Behaviour aux côtés de Haveli.

« Ce financement va nous permettre d’accélérer notre croissance », commente en entrevue le cofondateur, président et producteur exécutif de Behaviour Interactif, Rémi Racine.

« Les cibles d’acquisitions qu’on regarde sont en Amérique du Nord et en Europe », indique l’entrepreneur de 58 ans.

« On a effectué cette ronde de financement pour trouver un investisseur privé parce qu’on voulait commencer à faire des acquisitions et orchestrer de la croissance autre qu’organique. Ça nous prenait un joueur qui connaît bien Hollywood et le milieu du jeu. On a parlé à une quinzaine d’investisseurs potentiels avant de choisir Haveli. »

Rémi Racine ne veut pas dévoiler la hauteur du financement récolté, mais précise qu’ensemble, NetEase et Haveli détiennent aujourd’hui un peu moins de 40 % de l’entreprise montréalaise.

Rémi Racine demeure le plus important actionnaire avec une participation supérieure à 50 %, ce qui fait en sorte que sa participation combinée à celle d’employés s’élève désormais à un peu plus de 60 %.

Behaviour traverse une bonne période. Les revenus de l’entreprise devraient bondir de près de 35 % cette année, selon le grand patron.

Spécialisée dans la production de jeux d’action et d’aventure, Behaviour a généré des revenus de 225 millions en 2021. « On devrait terminer 2022 avec un chiffre d’affaires à près de 300 millions », dit Rémi Racine.

30 ans d’activité

L’entreprise fêtera son 30anniversaire en septembre. Son parcours a été marqué au fil des ans par des partenariats avec plusieurs grands noms de l’industrie (Ubisoft, Disney, Microsoft, Sony, etc.).

Elle compte aujourd’hui plus de 900 employés et a toujours une centaine de postes à pourvoir. « On devrait être 1000 employés avant la fin de l’année, ce qui est quand même un chiffre pas mal le fun », dit Rémi Racine.

Fondée en 1992, Behaviour compte plus de 200 titres à son actif, dont son jeu original le plus vendu, Dead by Daylight, un jeu d’action et d’horreur multijoueur.

L’ex-président du conseil d’administration de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et de CBC/Radio-Canada se souvient que les premières années du studio n’ont pas été faciles.

« Il fallait être persévérant », dit-il. Ce fut une bonne idée puisqu’il ajoute que la période de 1999 à 2009 a fait place à une « croissance phénoménale ».

Par contre, les années 2009 à 2014 ont été plus dures. « On a connu la décroissance. Il a fallu faire des mises à pied. On faisait beaucoup de jeux pour enfants sur consoles et avec la venue des téléphones intelligents, ce marché-là a complètement disparu. »

Ce marché représentait alors 90 % du chiffre d’affaires de Behaviour. L’arrivée des jeux gratuits sur mobile a rendu la situation encore plus difficile. « Les éditeurs étaient frileux », se souvient Rémi Racine.

L’effectif est ainsi passé de 440 à 250 employés. « Ç’a été dur. Quand on a pu replacer notre spécialité vers les jeux pour 13 ans et plus, c’est reparti », dit-il.

Puis est arrivé en 2016 le « gros jeu » : Dead by Daylight. « Depuis ce moment-là, on est devenu éditeur avec une unité d’affaires qui fait ses propres jeux. » Dead by Daylight, qui a dépassé la marque des 50 millions de joueurs, a généré 66 % du chiffre d’affaires de Behaviour en 2021, soit approximativement 150 millions de dollars.

L’autre unité d’affaires, celle des services (essentiellement des jeux développés en sous-traitance pour d’autres éditeurs), a généré des revenus d’environ 75 millions en 2021.

Rémi Racine prévoit lancer deux nouveaux jeux en 2023. À 58 ans, il affirme ne pas être prêt à partir. Éventuellement, dit-il, Behaviour sera inscrite en Bourse ou elle sera vendue. « Mais si l’entreprise est vendue, elle ne sera pas achetée par l’un des actionnaires-investisseurs actuels, et une décision sur l’avenir de l’entreprise ne sera pas prise avant trois à cinq ans », dit-il.