Un crédit d’impôt « questionnable ». Une mesure budgétaire « pas suffisamment progressiste ».

Pour la deuxième fois en quelques jours, les économistes du Mouvement Desjardins critiquent le crédit d’impôt de 500 $ annoncé dans le récent budget du gouvernement Legault, en guise d’aide contre l’inflation pour tous les contribuables québécois jusqu’à 100 000 $ de revenu annuel.

Dans son billet d’analyse hebdomadaire publié vendredi, le vice-président et économiste en chef du Mouvement Desjardins, Jimmy Jean, indique que « des mesures plus progressistes sont préférables » à un crédit d’impôt généralisé lorsque « certains gouvernements » veulent « protéger les segments les plus vulnérables de la population » face à l’inflation des prix à la consommation.

« Une alternative au crédit d’impôt quasi universel de 500 $ aurait été de donner la priorité aux ménages dans des situations financières plus précaires, par exemple les familles monoparentales ou les personnes âgées à faible revenu. C’était d’ailleurs l’approche qui avait été prise lors de la mise à jour [budgétaire] de l’automne dernier, alors que le gouvernement [Legault] avait opté pour une bonification du crédit d’impôt pour solidarité », indique Jimmy Jean, qui est l’un des économistes les plus influents dans le secteur financier au Québec.

En appui à sa critique du crédit d’impôt de 500 $, Jimmy Jean explique que « les ménages disposant d’un coussin de dépenses discrétionnaires plus important peuvent plus facilement faire les choix de consommation nécessaires pour s’adapter à la hausse du coût de la vie. »

Aussi, souligne Jimmy Jean, « ne perdons pas de vue le fait que les ménages à revenu moyen et élevé disposent encore d’un important excédent d’épargne. Ils ont ainsi des options à leur disposition et n’ont pas besoin de l’aide du gouvernement ».

Enfin, Jimmy Jean questionne la pertinence économique même d’un crédit d’impôt spécial pour compenser l’impact de l’inflation. « Le recours à une aide ponctuelle [comme un crédit d’impôt] semble supposer que les récentes flambées de prix seront rapidement renversées, alors qu’il n’existe aucune garantie à cet effet », indique l’économiste en chef du Mouvement Desjardins.

Plus tôt cette semaine, dans leur rapport d’analyse du budget énoncé mardi par le ministre des Finances, Éric Girard, les économistes de Desjardins avaient déjà qualifié de « questionnable » l’annonce « d’un montant ponctuel de 500 $ à tous les adultes ayant un revenu annuel pouvant aller jusqu’à 100 000 $. »

« Il s’agit d’une mesure qui n’est pas suffisamment progressive, alors que les effets de la forte hausse des prix, notamment pour l’alimentation et le logement, se font sentir nettement plus intensivement sur les ménages à plus faible revenu, lit-on dans le rapport des économistes de Desjardins.

« Par ailleurs, ces ménages n’ont pas pu bénéficier [durant la pandémie] de gains d’épargne et de richesse aussi importants que les individus à plus haut revenu. »

Par conséquent, selon les économistes de Desjardins, « une aide financière se concentrant davantage sur les ménages à plus faible revenu aurait été préférable » à un crédit d’impôt quasi universel de 500 $.