Omniprésente en 2022, l’intelligence artificielle (IA) demeure pourtant une science mystérieuse pour le commun des mortels. En misant sur des projets bien concrets, en santé, en transports ou dans l’industrie, l’Institut d’intelligence artificielle appliquée officiellement inauguré ce vendredi par l’Université Concordia espère lever en partie le voile.

Fondé en 2021 par trois professeurs de l’École de génie et d’informatique Gina-Cody de l’Université Concordia, l’Institut regroupe 95 professeurs et 200 étudiants des cycles supérieurs de 4 facultés. Il a notamment mis en place, l’automne dernier, un programme de formation appliquée en partenariat avec le géant suédois des télécommunications Ericsson qui se veut un modèle d’interdisciplinarité et d’application de l’IA. La première cohorte terminera ses activités cette semaine.

« C’est un programme original : à la différence d’autres formations, celle-ci est basée sur les projets, explique Tristan Glatard, codirecteur de l’Institut avec Fenwick McKelvey. Chacun des 120 participants est arrivé avec son propre projet, par exemple des idées de produits. Tout l’objectif était de les accompagner avec 80 heures de formation. »

Éthique et réseaux cellulaires

Cette formation qui se veut bien concrète est vitale pour atténuer la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, criante en informatique et en intelligence artificielle, explique-t-il.

Concordia a une tradition assez longue de collaboration industrielle, et avec la société en général. C’est une université très ouverte sur le monde.

Tristan Glatard, codirecteur de l’Institut d’intelligence artificielle appliquée

L’Institut se consacrera principalement à trois domaines : les effets de l’application de l’IA sur la société, l’apprentissage profond en imagerie médicale et l’intégration dans les villes intelligentes et l’industrie.

Ericsson, par exemple, compte sur son partenariat avec Concordia pour mieux gérer la consommation énergétique de ses réseaux grâce à l’IA, explique Paul Baptista, responsable de la recherche et du développement à Montréal pour Ericsson Canada. « Avec des algorithmes intelligents, on peut moduler la consommation de ces réseaux tout en répondant à la demande. C’est cette intelligence-là qu’il faut bâtir dans nos réseaux pour ensuite l’amener à nos clients. »

L’Institut d’intelligence artificielle appliquée sera soumis à une évaluation annuelle, qui tiendra notamment compte du nombre de partenariats, des personnes qui ont été formées, des brevets enregistrés et des publications issues des travaux, indique Mourad Debbabi, directeur du Centre de cybersécurité et doyen de l’École de génie et d’informatique Gina-Cody. Un comité sera en outre sollicité pour améliorer les programmes. « On remet souvent en cause notre orientation pour être à l’affût de ce qui se fait de mieux. »

Tristan Glatard, lui, souhaite que la diversité et l’inclusion soient au cœur de l’institut qu’il codirige. « Le monde de l’IA est assez masculin », note-t-il.