(Toronto) Le prix moyen d’une habitation au Canada a grimpé de plus de 20 % depuis l’an dernier, pour atteindre un record de 816 720 $ en février, alors que l’offre commençait lentement à revenir sur le marché et que les ventes ont repris, a indiqué mardi l’Association canadienne de l’immeuble (ACI).

Il ne faudrait toutefois pas s’attendre à un soulagement dans les deux prochaines années, a prévenu l’association.

L’ACI prévoit que le prix national moyen des maisons augmentera de 14,3 % sur une base annuelle pour atteindre 786 000 $ en 2022, puis grimpera d’un autre 3,2 % pour atteindre 810 934 $ en 2023.

Ces augmentations reflètent un « déséquilibre historique » de l’offre et de la demande de logements, a indiqué l’association, qui a averti que les prévisions étaient « conservatrices » compte tenu de la récente flambée des prix.

L’économiste Robert Kavcic, de BMO Marchés des capitaux, a souligné que l’indice des prix des propriétés avait augmenté de 3,5 % d’une année à l’autre, enregistrant son gain mensuel le plus élevé jamais enregistré.

« Cela dépasse le rythme observé il y a un an, et aussi de la cadence la plus rapide de la période du début 2017 », a-t-il affirmé dans une note aux investisseurs.

« Les prix deviennent paraboliques à un rythme annualisé de près de 50 %, les attentes se sont enracinées, les investisseurs sont à l’origine de la majeure partie de la demande supplémentaire et les Canadiens achètent des copropriétés en prévente à l’autre bout du pays. »

La croissance des prix des maisons et les prévisions de l’ACI, révisées à la hausse par rapport aux prévisions de décembre, qui visaient un prix moyen de 739 495 $ pour cette année, surviennent alors que le coût d’achat d’une propriété a considérablement augmenté au cours de la pandémie de COVID-19.

Alors que les banlieues et les régions rurales ont enregistré des hausses de prix alors que les gens affluaient pour acheter des maisons plus spacieuses à partir desquelles ils pouvaient travailler à distance, les régions de Vancouver et de Toronto ont conservé leur réputation de marchés chauds.

Lorsque ces deux régions sont retranchées du calcul du prix moyen des propriétés de l’ACI, celui-ci diminue d’environ 178 000 $.

Cependant, sur une base désaisonnalisée, le prix moyen totalisait environ 795 000 $, en hausse d’environ 2 % par rapport à celui d’environ 777 000 $ du mois précédent.

Hausse des inscriptions à la vente

Ces derniers mois, les prix ont été tirés vers le haut par de féroces guerres d’enchères, associées à un manque de maisons inscrites à la vente, alors que les gens attendaient la levée des restrictions pandémiques et craignaient de ne pas trouver un autre logement abordable lorsque leur propriété serait vendue.

Ces attitudes pourraient bientôt se dissiper, puisque l’association a détecté un rebond des nouvelles inscriptions, qui ont grimpé de plus de 23 % sur une base désaisonnalisée, pour se dénombrer à 77 352 le mois dernier, contre 62 539 en janvier.

Sur une base non désaisonnalisée, les inscriptions ont atteint 69 744, une hausse d’environ 1 % par rapport à 68 981 en février 2021.

« Comme prévu, après une accalmie en janvier, le mois de février a vu apparaître le premier lot d’inscriptions du printemps 2022, et les acheteurs s’en sont rapidement emparés », a affirmé Cliff Stevenson, président de l’ACI, dans un communiqué de presse.

« Est-ce le début d’une réapparition de certains des nombreux propriétaires-vendeurs éventuels qui se sont terrés ces deux dernières années ? Ou bien la reprise de l’offre va-t-elle s’estomper vers l’été comme elle l’a fait en 2021 ? »

Ce changement de cap dans les nouvelles inscriptions est survenu alors que le nombre de ventes de maisons de février, en données désaisonnalisées, a augmenté de 4,6 % pour atteindre 58 209, contre 55 654 en janvier.

Les ventes non désaisonnalisées se sont dénombrées à 49 403 en février, une baisse de plus de 8,0 % par rapport aux 53 806 transactions du même mois l’an dernier.

L’ACI estime que les ventes de maisons au pays chuteront de 8,0 % par rapport à l’année dernière pour atteindre 612 800 cette année, puis reculeront d’un autre 2,7 % pour atteindre 596 150 en 2023 – ce qui ferait malgré tout de 2023 la troisième meilleure année jamais enregistrée.

L’association s’attend à ce que ce ralentissement soit plus important en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec, et prévoit que l’Alberta et la Saskatchewan inverseront la tendance avec des gains de ventes modérés en 2023.