Au moment où les gouvernements misent plus que jamais sur la production locale, un nouveau rapport de la firme EY Canada révèle que le nombre de médicaments génériques différents fabriqués au Canada a diminué entre 2019 et 2021. L’étude a été réalisée à la demande de l’Association canadienne du médicament générique (ACMG).

Selon les données du rapport d’EY Canada, le nombre total de médicaments fabriqués au pays était de 1061 en 2019, puis a chuté à 700 en 2021. Le volume total de médicaments produits ici est resté stable, mais les sortes de produits ont diminué.

Cette baisse est expliquée par certains obstacles qui freinent la production locale. Le rapport cible les prix des médicaments, qui sont moins élevés que dans d’autres pays, la complexité du système réglementaire canadien et l’augmentation des coûts de production, que ce soit sur le plan de la main-d’œuvre, des terrains ou du transport.

« Les prix des médicaments génériques sont fixes au Canada, il n’est pas possible de les augmenter, mais les coûts pour les produire continuent d’augmenter », explique en vidéoconférence avec La Presse Jim Keon, président de l’ACMG.

« Notre mission, c’est de rendre les médicaments abordables », poursuit-il.

Ces dernières années, les gouvernements ont exercé une forte pression sur notre industrie pour dégager davantage d’économies dans le système de santé dans toutes les provinces. Pour être en mesure d’offrir les plus bas prix aux gouvernements, les fabricants ont dû délocaliser certaines de leurs activités.

Jim Keon, président de l’ACMG

De 2019 à 2021, les entreprises membres de l’ACMG ont produit au total 6225 médicaments pharmaceutiques génériques pour le Canada, indique le rapport. Environ 44 % de ces produits, soit 2743, ont été fabriqués localement, et 56 %, soit 3482, étaient des produits finis importés.

L’Inde en tête de liste

Un autre élément qui ressort de l’étude concerne la production des ingrédients pharmaceutiques actifs (IPA) qui servent à la production de médicaments. Moins de 10 % des IPA sont fabriqués au Canada. Le reste provient de 45 pays différents, mais 60 % proviennent de la Chine et, surtout, de l’Inde.

Selon l’étude, les chaînes d’approvisionnement mondiales sont devenues de plus en plus complexes, ce qui entraîne des risques, des perturbations et des pénuries de médicaments d’ordonnance.

« La pandémie de COVID-19 a démontré que la sécurité de l’approvisionnement des Canadiens en médicaments ne peut plus être tenue pour acquise par les gouvernements et les décideurs, affirme Jim Keon. Tout au long de la pandémie, les entreprises canadiennes de l’ACMG ont réussi à éviter des pénuries catastrophiques de médicaments d’ordonnance sans soutien financier externe. »

Contrer la dépendance aux entreprises étrangères

Pour se prémunir contre les restrictions à l’exportation, les interruptions du transport international et la dépendance à l’égard de partenaires étrangers, le rapport propose sept actions.

Par exemple, mettre en place des incitatifs pour investir dans de nouveaux produits, comme des subventions. Ensuite, conclure des accords commerciaux qui garantissent un accès continu aux IPA, aux produits finis et aux éléments nécessaires à la production locale. Puis, créer des processus d’approbation des médicaments uniformisés avec ceux des autres pays.

Comme dans d’autres secteurs soutenus par les gouvernements, notamment l’aéronautique, l’ACMG rappelle que ses entreprises membres offrent des emplois bien rémunérés dans le secteur des sciences de la vie, en plus de fournir un service essentiel au système de soins de santé.

L’Association canadienne du médicament générique regroupe 13 fabricants de dosages finis et 2 fabricants et fournisseurs d’ingrédients actifs. Avec l’aide de l’approvisionnement mondial, l’industrie canadienne des médicaments génériques produit plus de 70 % des médicaments d’ordonnance offerts dans les pharmacies et utilisés dans les hôpitaux et les cliniques au pays.