L’accès aux vaccins contre la COVID-19, leur efficacité et leur sécurité sont devenus la préoccupation de tout le monde. Ce qui ne nous préoccupe pas tellement, toutefois, c’est le prix que coûte cette petite piqûre dans le bras.

C’est normal. Ici comme dans beaucoup de pays, la population ne paie pas pour les vaccins. Enfin, pas tout de suite. L’État, quand il en a les moyens, ramasse la facture. Que les contribuables paieront un jour, mais bon…

Ce n’est pas certain qu’on connaîtra le prix exact qu’ont coûté les vaccins dans le monde, tellement le fouillis règne. Ce qu’on sait, c’est que cette facture varie considérablement d’un pays à l’autre et d’un vaccin à l’autre et même pour le même vaccin d’un pays à l’autre. L’UNICEF, l’agence de l’Organisation des Nations unies qui se consacre au bien-être des enfants, en tient le compte à partir de données disponibles publiquement.

Chaque dose de vaccin coûte de 1 $ US à 40 $ US, selon son plus récent compte rendu. Ce prix de vente ne peut pas être mis en relation avec les coûts de production, souvent minimes, mais qui doivent aussi tenir compte des investissements en recherche-développement qui ont mené à la réalisation des vaccins.

Le coût qui varie de 1 $ US à 40 $ US la dose, donc, est le prix payé par les acheteurs des vaccins, le plus souvent des gouvernements, mais aussi des entreprises privées.

Selon les chiffres de l’UNICEF, pour un vaccin produit par la même entreprise, comme Pfizer, les États-Unis ont payé en moyenne 19,50 $ US par dose, soit 32 % de plus que les pays de l’Union européenne, où le coût moyen est de 14,76 $ US par dose pour le même vaccin.

Les États-Unis ont payé plus cher que l’Europe pour tous les principaux vaccins (Pfizer, AstraZeneca, Johnson & Johnson et Sanofi), sauf un. Le vaccin de Moderna a coûté moins cher aux États-Unis (15 $ US la dose) qu’en Europe (18 $ US la dose).

Pourquoi une telle disparité ? C’est difficile à expliquer, sinon par le talent de ceux qui ont négocié les contrats avec les entreprises pharmaceutiques ou par la volonté de payer plus cher de certains acheteurs pour en avoir plus rapidement.

Israël, qui a remporté haut la main la course aux vaccins, a accepté de payer le gros prix pour en obtenir plus vite, selon les informations qui circulent.

Comme pour les masques et l’équipement médical au début de la pandémie, c’est un peu le Far West dans le marché des vaccins.

COVAX

Les pays les plus pauvres, qui n’ont pas la capacité de négocier directement leur approvisionnement en vaccins, dépendent de COVAX, le programme mis sur pied par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour s’assurer d’un accès équitable à la vaccination.

À mesure que le pourcentage de vaccination de leur population augmente, les pays riches se montrent plus généreux. Les États-Unis ont fait part, la semaine dernière, de leur intention de donner 500 millions de doses aux pays les plus dépourvus d’ici 2022.

Mais cette générosité arrive tardivement et est encore bien insuffisante. COVAX a pu livrer seulement 82 millions de doses de vaccins aux pays qui en ont besoin, alors que 13,6 milliards de doses ont été vendues dans le monde. Alors que 1 personne sur 4 en moyenne est vaccinée dans les pays riches, cette proportion est de 1 personne sur 500 dans les pays pauvres. En Afrique, 90 % des pays ne pourront pas atteindre l’objectif fixé par l’OMS de vacciner 10 % des gens dans le monde d’ici septembre.

En attendant la charité internationale, de nombreux pays se débrouillent comme ils peuvent pour trouver des vaccins, parfois sur le marché privé. Les chiffres de l’UNICEF indiquent que les pays plus pauvres paient le plus cher pour leurs doses.

La vie n’a pas de prix, et le coût des vaccins ne devrait pas avoir d’importance quand il s’agit de lutter contre une pandémie mondiale. Mais ce n’est pas ce qui se passe. C’est une autre preuve qu’il vaut mieux être riche et en santé que pauvre et malade.