En quête d’un partenaire après une année difficile où son actif sous gestion a chuté de pratiquement 75 %, la firme montréalaise Hexavest a finalement accepté une offre d’achat du Mouvement Desjardins.

Cette transaction, dont la valeur n’est pas dévoilée, permet à Desjardins Gestion internationale d’actifs d’augmenter son actif sous gestion de 5 milliards, pour le faire passer à 88 milliards. L’opération permet aussi à Desjardins d’acquérir une expertise en gestion d’actions de pays émergents et mondiales.

Desjardins Gestion internationale d’actifs occupe aujourd’hui le 14e rang des plus importants gestionnaires d’actifs institutionnels au pays, souligne son président et chef de l’exploitation, Nicolas Richard. « On veut atteindre la marque de 100 milliards d’actifs sous gestion d’ici 2024, dit-il. Hexavest nous donne les leviers pour accélérer l’acquisition de clientèle. »

Cette transaction s’inscrit dans la poursuite du plan de croissance de Desjardins visant à hisser l’organisation dans le top 10 des plus grands gestionnaires institutionnels au Canada.

Cofondateur, chef des placements et président du conseil d’administration d’Hexavest, Vital Proulx restera en poste pour « au moins » neuf mois afin d’assurer une transition harmonieuse. « Après, il faudra voir », dit-il.

Les discussions entre Desjardins et Hexavest remontent à décembre, c’est-à-dire quelques semaines après l’annonce de l’achat d’Eaton Vance — le partenaire de distribution d’Hexavest à l’extérieur du Canada — par Morgan Stanley. Le partenariat entre Hexavest et le gestionnaire d’actifs du Massachusetts Eaton Vance a ensuite pris fin en février. Eaton Vance détenait une participation de 49 % dans Hexavest depuis 2012.

À la suite de la perte de clients et d’une baisse des rendements, l’actif sous gestion d’Hexavest a fondu de presque 75 % depuis janvier l’an passé, passant de presque 18 milliards à 5,2 milliards aujourd’hui. « Nous étions mal positionnés dans la pandémie, admet Vital Proulx. Les investisseurs ont été rémunérés pour prendre des risques au cours des quatre dernières années. Pour un gestionnaire prudent et conservateur comme Hexavest, ce fut un vent de face important. Notre performance a souffert. »

Détenir des positions à contre-courant des autres investisseurs a toujours été dans l’ADN d’Hexavest. Dans un marché boursier comme celui des dernières années où des sommets sont constamment atteints, cette philosophie a contribué à une sous-performance. La firme demeure positionnée de façon défensive aujourd’hui.

La dernière année a donc été difficile chez Hexavest. La direction a procédé à une réorganisation. Le stratège vedette Vincent Delisle et des gestionnaires de portefeuille sont notamment partis durant la pandémie.

Dans le contexte actuel, Vital Proulx affirme qu’Hexavest était arrivée à la croisée des chemins. « ll était devenu important de trouver un partenaire avec plus de ressources pour assurer la pérennité de toutes les stratégies mises en place au fil des années. »

Vital Proulx indique avoir eu des pourparlers avec « quelques » institutions financières canadiennes à l’automne, mais que des discussions sérieuses ont uniquement été tenues avec Desjardins.

Hexavest compte une trentaine d’employés et une cinquantaine de clients essentiellement institutionnels. L’entreprise a été fondée en 2004 par Vital Proulx et quelques collègues. Son plus important client est un fonds souverain asiatique. Outre l’Asie, Hexavest a des clients en Australie, aux États-Unis et au Canada.

La clôture de la transaction est prévue à la fin de l’été.