(Montréal) Une grève pourrait être déclenchée dans la construction dès mardi prochain. Les travailleurs de la construction ont en effet voté à 93 % en faveur d’une grève générale illimitée, a fait savoir mercredi l’Aliance syndicale.

Mais l’Alliance, qui regroupe les cinq syndicats reconnus dans l’industrie de la construction, négocie toujours avec les quatre associations patronales, dans l’espoir d’éviter cette grève.

« Notre mandat, il est clair ; il est donné par les travailleurs et les travailleuses, puis on va l’exercer. Puis, la seule chose qu’on va donner à la partie patronale, c’est un avis de 12 à 24 heures », a lancé Éric Boisjoly, porte-parole de l’Alliance syndicale, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Quelque 190 000 travailleurs dans l’industrie de la construction sont concernés dans l’ensemble du Québec.

« Nous, on est encore en position de vouloir négocier une entente. Ce n’est pas l’avenue recherchée, le conflit de travail, vraiment pas. À l’Alliance syndicale, on veut vraiment négocier », a assuré du même souffle M. Boisjoly.

Le litige

L’Alliance syndicale doit négocier quatre conventions collectives pour 2021-2025, pour chacun des sous-secteurs de l’industrie, avec les associations patronales.

L’enjeu ne porte pas sur les salaires. Il porte principalement sur le recours aux applications mobiles sur le téléphone personnel des travailleurs par les employeurs. Ces applications permettent d’inscrire les heures d’arrivée et de départ du chantier, ainsi que les heures supplémentaires.

Mais les syndicats craignent pour la vie privée des travailleurs, à cause de la géolocalisation et du fait qu’il s’agit du téléphone personnel du travailleur.

Les parties cherchent donc à négocier les façons de baliser ce recours aux applications mobiles, car il existe des applications différentes selon le fournisseur.

Un autre point en litige persiste avec l’Association de la construction du Québec — l’une des quatre associations patronales — en ce qui a trait à la mobilité de la main-d’œuvre et la préférence d’embauche régionale.

Ces clauses veulent que lorsqu’un entrepreneur décroche un contrat dans une autre région que la sienne, il doive embaucher une certaine proportion de travailleurs qui résident dans la région où sera lancé le chantier.

Entrepreneurs inquiets

Les associations patronales, quant à elles, s’inquiètent des répercussions d’une grève, particulièrement dans le secteur résidentiel, où des maisons et condominiums doivent être livrés le 1er juillet.

Elles reprochent d’ailleurs aux syndicats de faire de la désinformation au sujet de ces applications mobiles, en faisant croire aux travailleurs qu’ils pourraient ainsi être surveillés dans leurs déplacements tout au long de la journée — ce que les employeurs ne feraient pas, assurent-elles.

L’Alliance syndicale regroupe la FTQ-Construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), le Syndicat québécois de la construction, la CSD-Construction et la CSN-Construction.