La mairesse de Saint-Jérôme craint que l’entreprise Lion Électrique choisisse d’installer sa future usine d’assemblage de batteries à Mirabel, parce qu’Aéroports de Montréal lui offre des conditions d’installation avec lesquelles sa municipalité ne peut rivaliser.

Janice Bélair-Rolland, mairesse de Saint-Jérôme, considère qu’Aéroports de Montréal (ADM), qui gère les terrains autour de l’aéroport de Mirabel, offre une « concurrence déloyale » à sa municipalité.

« On veut les dénoncer parce que ce n’est pas vrai qu’on va laisser partir une entreprise de Saint-Jérôme », dit-elle.

Selon Mme Bélair-Rolland, Lion Électrique a reçu une « offre en or » de la part d’ADM pour construire son usine d’assemblage de batteries à Mirabel plutôt qu’à proximité de l’usine existante de Lion, à Saint-Jérôme.

C’est une grande surprise de découvrir que, par la bande, on a ADM qui devient un concurrent et qui vient nous choper cette entreprise-là. On peut bien aller à la limite de ce qu’on peut offrir pour notre développement économique, mais si on fait face à une entité comme ADM qui a quelque chose d’autre à offrir, on ne joue pas à armes égales.

Janice Bélair-Rolland, mairesse de Saint-Jérôme

La mairesse n’a pas pu préciser quels sont les outils qui seraient à la disposition d’ADM et qui ne le seraient pas aux municipalités. « Un OBNL, ça peut faire ce que ça veut », ajoute-t-elle.

Aéroports de Montréal réfute les allégations de concurrence déloyale. « ADM est soumise aux mêmes normes et aux mêmes règles que toute autre entité dans ses négociations avec de potentiels investisseurs », a réagi Anne-Sophie Hamel, directrice, affaires corporatives et médias, chez ADM.

Elle déplore que l’accusation soit « utilisée de façon si cavalière par la Ville de Saint-Jérôme dans le cadre de leurs négociations avec Lion Électrique ».

La mairesse demande aux deux ordres de gouvernement de resserrer le mandat de l’Aérocité de Mirabel autour de la seule grappe industrielle de l’aérospatiale. « Ce n’est pas un parc industriel », ajoute-t-elle.

Selon ADM, l’Aérocité Internationale de Mirabel est un « pôle aérologistique et industriel ». On y trouve l’usine d’assemblage des avions A220 d’Airbus, mais également plusieurs autres entreprises dans d’autres secteurs industriels.

En novembre dernier, la Ville de Saint-Jérôme annonçait s’être entendue avec Lion Électrique pour la construction de sa nouvelle usine de batteries sur un terrain de 450 000 pieds carrés lui appartenant, sous condition que l’entreprise obtienne du financement.

Le financement est venu le 15 mars, alors que les gouvernements de Justin Trudeau et de François Legault annonçaient en grande pompe un investissement de 100 millions dans le projet d’usine d’assemblage de batteries de Lion.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Le premier ministre du Québec, François Legault, et le premier ministre du Canada, Justin Trudeau

Le communiqué du cabinet de Justin Trudeau parlait alors d’une usine « à Saint-Jérôme ». Youri Chassin, député de Saint-Jérôme, était également présent. « Il s’agissait d’une annonce importante pour une entreprise de sa circonscription et pour Saint-Jérôme, annonce pour laquelle M. Chassin a beaucoup travaillé », a commenté le cabinet de François Legault.

Selon Mme Bélair-Rolland, le soir de cette annonce, le maire de Mirabel a publié un message sur Facebook annonçant que Lion s’installait à l’Aérocité de Mirabel. Le message a depuis été modifié.

À plus long terme, Mme Bélair-Rolland craint que Lion quitte Saint-Jérôme si son usine de batteries est construite à Mirabel.

« Pourquoi Lion garderait son bureau chef à Saint-Jérôme s’ils ont 5 millions de pieds carrés ailleurs ? », se demande-t-elle.

Lion Électrique n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.