La société Aéroports de Montréal publie ses résultats d’une année marquée par de lourdes pertes de revenus et de passagers

« L’année 2020 est vraiment à oublier », a indiqué d’emblée Philippe Rainville, PDG de la société Aéroports de Montréal

Et pour cause. Dans ses résultats publiés mercredi, ADM rapporte un déficit de 234 millions de dollars pour une année marquée par les effets de la crise internationale de la pandémie dans le secteur du transport aérien de passagers. En comparaison, ADM avait produit un surplus de 97,8 millions en 2019, pour des revenus totaux de 707 millions, lors d’une année record pour le plus gros aéroport de l’est du Canada.

En 2020, le trafic de passagers à l’aéroport international Montréal-Trudeau s’est élevé à 5,43 millions de personnes, en chute marquée de 73 % par rapport au nombre record de 20,3 millions atteint en 2019.

En conséquence, les revenus d’ADM en 2020 se sont élevés à seulement 282,2 millions, en baisse de 60 % sur un an. Pendant ce temps, ADM est parvenue à réduire ses dépenses de 15 %, à 516,6 millions ; une somme toutefois nettement supérieure aux revenus fortement diminués.

[Nous avons] mis en œuvre des mesures significatives de réductions de frais d’exploitation, notamment ceux liés à la réduction des activités aéroportuaires et à la fermeture temporaire de certaines zones de l’aérogare. De plus, ADM a procédé à des baisses salariales, des réductions de son effectif de près de 30 % et s’est prévalue du programme de Subvention salariale d’urgence du Canada.

Extrait du rapport des résultats publié par la direction d’ADM

En contrepartie, « la pandémie de COVID-19 a occasionné des dépenses supplémentaires de 39,9 millions ». Celles-ci comprennent notamment « les allègements consentis à certains locataires pour lesquels la pandémie et la réduction de leur niveau d’activités ont eu un impact significatif sur leur capacité financière à payer le loyer minimum ».

La direction d’ADM souligne aussi avoir subi « des coûts supplémentaires pour mettre fin à des contrats avec certains fournisseurs et pour fermer des chantiers de construction » après que « plusieurs projets liés à la capacité des installations ont été reportés ou tout simplement annulés à la suite de la baisse du trafic aérien ».

Un peu d’optimisme en 2021

Après une dure année 2020, quelles perspectives d’affaires chez ADM pour 2021 ? « Bien que la relance de l’industrie aérienne se fasse attendre, les avancées réalisées au cours des dernières semaines dans la campagne de vaccination tant au Québec qu’à l’international nous rendent un peu plus optimistes quant à l’avenir, même si nous savons que nous sommes encore loin d’être au bout de nos peines », indique le PDG d’ADM, Philippe Rainville.

ADM continue de multiplier ses efforts de réduction de coûts, ce qui inclut la suspension abrupte de tous ses projets de développement, tout en se concentrant sur la poursuite de ses opérations aéroportuaires de façon sécuritaire.

Philippe Rainville, PDG d’ADM, au sujet d’un possible redressement financier

Dans son tout récent rapport sur ADM, obtenu par La Presse, l’agence de notation financière Moody’s constate que la « sévère perte de trafic de passagers » a engendré une « dégradation matérielle » des principaux paramètres financiers de la société aéroportuaire. D’ailleurs, ADM a obtenu récemment de ses détenteurs d’obligations corporatives qu’ils renoncent temporairement à certaines exigences de qualification financière alors que son niveau de liquidités glisse sous le seuil des 75 millions.

Selon Moody’s, le niveau de liquidités chez ADM demeure « gérable adéquatement » durant cette période de très bas revenus « pourvu que la reprise amorcée dans le secteur aérien continue de se solidifier ».

Toutefois, notent les analystes de Moody’s, « nous nous attendons à ce que cela prenne jusqu’en 2023-2024 pour revenir aux niveaux de trafic [passagers] de 2019 ; une période pendant laquelle le redressement des paramètres financiers chez ADM à leur niveau d’avant-pandémie reposera sur une reprise constante des volumes de passagers, un contrôle continu des coûts d’exploitation et des mesures appropriées pour augmenter les tarifs et les frais aéroportuaires ».

Depuis le début de 2021, ADM a majoré de 30 $ à 35 $ la somme facturée à chaque passager en partance de Montréal-Trudeau pour les « frais d’amélioration aéroportuaire ». ADM a aussi rehaussé de 2,5 % sa grille de tarifs aéroportuaires pour les transporteurs aériens à Montréal-Trudeau et à Mirabel.