Une semaine après que le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, eut annoncé un durcissement des mesures envers les voyageurs, notamment en imposant une quarantaine de trois jours à l’hôtel à l’arrivée, les hôteliers n’ont toujours pas reçu de directives claires et craignent de devoir faire des dépenses qui seront destinées à accueillir une poignée de clients.

« À combien de personnes peut-on s’attendre ? », se demande Dany Thibault, président du conseil d’administration de l’Association Hôtellerie Québec (AHQ). « Il faut éviter de diluer le volume. Supposons qu’on a 1000 personnes sur une semaine et qu’on les répartit dans 20 hôtels. Là, les hôtels vont tout mettre en place pour recevoir 20 clients. Ça ne marche pas. »

« On va être preneurs de la business, soutient M. Thibault. Mais assurez-vous qu’on maximise le volume dans un nombre d’hôtels précis pour être sûrs que, quand on fait rentrer du monde, qu’on commande de la nourriture, qu’on commande des produits pour les chambres, on ne restera pas pris avec ça dans le cas où le volume serait inexistant. »

Rappelons qu’il y a une semaine, le premier ministre a annoncé l’annulation des vols vers le Mexique et les Caraïbes jusqu’au 30 avril. Il a également ajouté qu’en février – la date n’a pas encore été déterminée –, les voyageurs qui arriveront au pays devront se soumettre à un test de dépistage de la COVID-19 et passer trois jours à l’hôtel, en quarantaine, à leurs frais, au coût de 2000 $.

Pour le moment, on ignore toujours combien d’hôtels seront accrédités, mais ils devront être situés à proximité des principaux aéroports du pays. Selon M. Thibault, plus d’une dizaine d’établissements pourraient répondre à ce critère à Montréal. Selon un courriel que l’Association des hôtels du Canada et que l’AHQ ont envoyé à leurs membres cette semaine, les établissements intéressés devraient pouvoir poser leur candidature au cours des prochains jours.

Risques pour les hôteliers

Les deux regroupements rappellent que l’accueil de ces voyageurs tout en maintenant une clientèle locale – qui n’est pas en quarantaine – représente également son lot de défis. « L’idée est que l’hôtel puisse accueillir les deux types de clientèle, mais cela pourra présenter des défis opérationnels et des responsabilités pour votre établissement que vous devrez être en mesure d’assumer, peut-on lire dans le courriel. Certains assureurs ont souligné que la couverture d’assurance pourrait être perdue selon le modèle proposé. Les hôteliers devraient bien examiner leur couverture d’assurance avant de déposer [leur] candidature. »

Une rencontre est prévue ce vendredi après-midi entre l’AHQ et l’Agence de la santé publique du Canada. « Le gouvernement du Canada fournira de plus amples détails dans les prochains jours sur ces nouvelles mesures pour les tests et les exigences de quarantaine, ainsi que sur les restrictions de voyage », a déclaré le service des communications de l’Agence, dans un courriel envoyé à La Presse. « Les nouvelles exigences en matière de test et de mise en quarantaine entreront en vigueur dans les semaines à venir. »

Malgré l’incertitude, Dany Thibault assure que les hôteliers sont déterminés à servir de lieu de quarantaine. « Je pense que les hôteliers sont très réceptifs. Ça veut dire qu’ils vont avoir des revenus dans leurs hôtels. Même si le volume n’est pas énorme, c’est certain qu’il va y avoir des retombées économiques dans nos hôtels à court terme. »