L’année 2021 « n’aura pas été tendre avec les travailleuses et travailleurs » du Québec, alors que la pandémie, les changements climatiques et la pénurie de main-d’œuvre mettent à mal les conditions de travail, déplore la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

« Une réunion de patrons tôt le matin où ils se disent qu’ils vont améliorer les conditions de travail, ces temps-ci, c’est à peu près rare comme un party de temps des Fêtes, car on n’a jamais vu autant de conflits à la CSN », a-t-elle affirmé en conférence de presse, jeudi, où elle présentait le bilan annuel de la deuxième organisation syndicale en importance du Québec.

Les bras de fer entre employeurs et employés semblent avoir repris de plus belle cette année après avoir connu une « certaine accalmie » en 2020 en raison du confinement, a avancé Mme Senneville.

Le nombre accru de conflits de travail est peut-être notamment le résultat d’un « changement de paradigme » qui tarde à se faire chez certains employeurs par rapport à la rareté de main-d’œuvre.

« Il y a encore des employeurs qui pensent qu’ils peuvent demander des reculs à leurs salariés » et avoir accès à du personnel de façon instantanée, a soutenu Mme Senneville.

La pénurie de main-d’œuvre entraîne une accélération de la cadence de travail et un recours plus fréquent aux heures supplémentaires tant dans le secteur public que dans le secteur privé, a-t-elle indiqué.

« Les conditions de travail sont rendues vraiment difficiles, a expliqué Mme Senneville. […] Quand on t’oblige à faire [des heures supplémentaires], que ton salaire a très peu augmenté ces dernières années, bien, tu te présentes à la table de négos en disant : je veux bien vivre de mon travail. »

Selon la présidente de la CSN, il revient maintenant aux entreprises d’être plus flexibles pour retenir leurs salariés. Elles doivent notamment pouvoir offrir une meilleure conciliation travail-famille et être davantage accommodantes à l’égard des travailleurs âgés, a indiqué Mme Senneville.

Négociations dans le secteur public

En 2021, plusieurs négociations pour le renouvellement de conventions collectives se sont conclues dans le secteur public. Les bas salariés ont pu obtenir des hausses salariales plus importantes, s’est réjouie la présidente de la CSN.

Ces ententes étant de courte durée, les syndicats devront reprendre les discussions avec Québec dès 2022. La CSN déposera ses demandes le 30 octobre prochain, a indiqué Mme Senneville, qui s’inquiète de la situation précaire des services publics.

La hausse du salaire minimum à 18 $ l’heure ainsi que l’amélioration du régime de l’assurance-emploi et des conditions en matière de santé et de sécurité au travail feront aussi partie des revendications de la CSN l’année prochaine.

Mme Senneville appelle également le gouvernement à travailler avec les syndicats quant aux effets des changements climatiques sur la transformation de l’économie.

« Il faut pouvoir mettre en place de la réorganisation de la main-d’œuvre. Il faut mettre les salariés dans le coup, et pas juste leur dire : vous allez perdre votre emploi. Non, c’est de dire que les emplois se transforment et qu'on va travailler avec vous à transformer vos compétences pour que vous puissiez être toujours de la partie », a fait valoir la leader syndicale.

La CSN entend aussi s’assurer que l’aide réservée aux secteurs de la culture, de la restauration et de l’hôtellerie, durement touchés par les mesures sanitaires, soit encore au rendez-vous au cours des prochains mois.

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