Son prix a augmenté de 43 % par rapport à l’an dernier

Après le vin, la dinde pourrait elle aussi être difficile à trouver en supermarché à une semaine de Noël. Et les consommateurs qui mettront la main dessus la paieront plus cher puisque son prix a augmenté de 43 % par rapport à l’an dernier, selon les Éleveurs de volailles du Québec (EVQ).

« La tendance indique une augmentation des prix assez marquée. Elle est plus élevée que l’augmentation des coûts de production à la ferme », indique Pierre-Luc Leblanc, président des EVQ. Actuellement, selon les sites internet des différentes marques, le prix d’une dinde surgelée pesant de 5 kg à 7 kg varie énormément. Il se situe entre 22 $ et 49,99 $.

Comment expliquer cette augmentation et ces écarts ? « Je vends des oiseaux avec des pattes et des plumes, répond en riant M. Leblanc. Une fois qu’ils sont transformés et mis en marché, je n’ai plus de contrôle là-dessus. » Il indique néanmoins que les stocks sont « historiquement bas ». M. Leblanc rappelle que la production de dindes au Québec fonctionne selon le système de gestion de l’offre et s’ajuste ainsi à la demande.

« On pensait que le confinement allait diminuer la consommation de dindon en raison de l’absence de rassemblement. Mais, au contraire, les gens sont à la maison et ils ont le temps de cuisiner. On n’avait pas prévu une demande aussi grande, admet le président des EVQ. On s’est fait prendre. La demande est là, les stocks ne sont pas là. Donc, ça fait des hausses de prix. »

Vers une pénurie ?

Si toutes les conditions sont réunies pour mener vers une pénurie de dindons, M. Leblanc reste prudent.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre-Luc Leblanc, président des Éleveurs de volailles du Québec

Théoriquement, les stocks sont très bas. Je ne sais pas si on va se rendre à la pénurie, mais notre stock est beaucoup plus bas que d’autres années.

Pierre-Luc Leblanc, président des Éleveurs de volailles du Québec

Exceldor, l’une des plus importantes entreprises de transformation de volailles, n’a toutefois pas d’inquiétude. « La quantité produite en 2021 est la même que l’année précédente ; tout le monde parviendra à se procurer son dindon pour les Fêtes », assure Jordan Ouellet, porte-parole de l’entreprise.

Du côté du Conseil canadien du commerce de détail, qui représente toutes les grandes marques, Francis Mailly, directeur des relations gouvernementales, assure que les commerçants ne vivent aucune pénurie en ce moment.

Il se produit annuellement au Québec de 3 à 4 millions de « dindes de Noël ». Le temps des Fêtes génère environ 39 % des ventes totales de ce produit. Sur 750 éleveurs de volailles, 150 se spécialisent dans la dinde.

En ce qui concerne la hausse du coût de l’oiseau, Jordan Ouellet, d’Exceldor, affirme que « la fluctuation du prix du kilo de dindon suit simplement la tangente généralisée de la hausse du panier d’épicerie, qui s’explique par une multitude de facteurs ».

Pierre-Luc Leblanc insiste sur le fait qu’il est important que la dinde reste un produit de commodité. « On ne veut pas devenir un produit raffiné. On ne veut pas sous-produire pour créer un marché de niche. »

Année difficile

En plus du prix de la dinde qui augmente, M. Leblanc ne cache pas que l’industrie de la volaille en général (dinde, poulet) a connu sa « pire année ». Il fait notamment référence à la grève de plusieurs semaines qui a perturbé les capacités d’abattage de poulet à l’usine d’Exceldor de Saint-Anselme. Le conflit de travail a mené à l’euthanasie de plus de 1 million de poulets.

Or, bien que l’usine ait repris ses activités au cours de l’été, tout n’est pas rentré dans l’ordre, selon le président des Éleveurs de volailles du Québec. La pénurie de main-d’œuvre fait en sorte que l’entreprise ne peut acheter autant d’oiseaux qu’elle le devrait, faute de pouvoir les abattre. « J’en suis victime à 100 %. J’ai des lots de poulets qui ne sortent pas. Ça va prendre d’autres abattoirs. »

Jordan Ouellet reconnaît qu’il y a un ralentissement des activités. « Nous sommes effectivement touchés par la pénurie de main-d’œuvre, qui concerne tant nos équipes d’attrapeurs [de poulets] que les travailleurs en usine, ce qui empêche nos usines de fonctionner à plein rendement. »

Dinde ou dindon ?

La classification des viandes utilise le masculin pour désigner la viande provenant de cette volaille sans égard au sexe de l’animal. Dinde ou dindon sont donc équivalents, selon le site Le Dindon du Québec.