Les agences de voyages constataient une baisse des réservations depuis l’apparition du variant Omicron. Après avoir vu le gouvernement Trudeau déconseiller les voyages à l’étranger, les voyagistes, qui s’expliquent mal cette décision, anticipent une vague d’annulations au moment où la haute saison hivernale s’amorce.

Une mauvaise surprise pourrait attendre les voyageurs qui ne souhaitent plus partir, mais qui n’ont pas acheté une assurance annulation ou d’autres options permettant de repousser la date de leur départ au moment d’acheter leur billet. Puisqu’Ottawa lance un avertissement plutôt que de décréter une interdiction, ils ne pourront pas obtenir de remboursement.

« Soit ils partent en voyage ou ils perdent leur argent, souligne au téléphone Moscou Côté, président de l’Association des agents de voyage du Québec et aussi directeur général de Voyages Constellation. Dans le contexte, un voyageur ne peut pas dire qu’il ne le savait pas. »

À ce moment-ci de l’année, les forfaits tout-inclus dans les destinations soleil sont particulièrement prisés par les consommateurs.

En début de soirée, mercredi, Transat A. T. a toutefois indiqué qu’elle fera preuve de flexibilité avec ses clients ayant acheté des billets aux options limitées. Au cours des quatre prochaines semaines, ces personnes pourront par exemple repousser leur date de départ, a indiqué un porte-parole du voyagiste Christophe Hennebelle.

En déconseillant les voyages non essentiels à l’étranger, Ottawa ne fait que se « décharger » de ses obligations à l’endroit des Canadiens qui décident de déplacer, affirme le président de l’Association des agents de voyage du Québec.

Le gouvernement Trudeau avait levé son avis officiel d’éviter les voyages étrangers, diffusé au début de la pandémie, le 21 octobre dernier. En conférence de presse, mercredi, le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a prévenu qu’il pourrait y avoir d’autres resserrements. La situation sera réévaluée dans quatre semaines.

M. Côté ne pas comprend pourquoi on demande à des Canadiens ayant reçu deux doses de vaccin de ne pas sortir du pays alors que l’on continue d’accueillir, par exemple, des voyageurs en provenance de la France ou du Royaume-Uni, où les cas d’infection sont en forte hausse.

« Si tu veux freiner le variant, on interdit aux autres de venir, lance-t-il. Il n’y a aucun contrôle sur la circulation entre les provinces. Quelqu’un peut aller faire ce qu’il veut à Toronto à l’heure actuelle. »

Au début du mois de décembre, le taux de réservation dans l’industrie était environ à 40 % de son niveau d’avant la pandémie. Il a fléchi à environ 10 %, selon M. Côté.

Dur sur le moral

La cadence des annulations devrait s’accélérer, selon M. Côté. C’est un coup dur pour les agents de voyage, qui sont payés lorsque le séjour s’effectue et non au moment de la vente.

Nous ne sommes donc pas payés pour du travail effectué au cours des dernières semaines. Pour plusieurs, c’est démoralisant.

Moscou Côté, président de l’Association des agents de voyage du Québec et directeur général de Voyages Constellation

Justin Bordeleau, copropriétaire et vice-président de Voyages Arc-en-ciel, qui exploite trois succursales dans la région de Trois-Rivières, abonde dans le même sens. Celui-ci anticipe un ralentissement des ventes pour les mois de janvier, février et mars.

La possibilité de nouvelles restrictions ajoute aussi « une couche d’insécurité ».

« Cela amènera son lot d’annulations, raconte M. Bordeleau. Plutôt que de réaliser des ventes entre janvier et mars, nous allons traverser une période où l’on va faire du service à la clientèle pour gérer des annulations et reports. »

Signe des inquiétudes provoquées par le variant Omicron, l’agence Voyage Performa, située à Boucherville, en banlieue sud de Montréal, enregistre environ cinq réservations par semaine, relate son propriétaire Éric Boissonneault.

Il y a quelques semaines, on en comptait près d’une vingtaine quotidiennement, ajoute-t-il.

Pour le moment, Ottawa n’a dressé qu’une liste de 10 pays d’Afrique d’où le Canada refuse de recevoir des voyageurs étrangers. M. Duclos n’a pas fermé la porte à un élargissement de cette liste.