(Montréal) Des correctifs d’équité salariale qui remontent à 2010 et 2015 sont aussi touchés par les retards de paiement qui frappent des travailleurs de la santé.

Alors que la Loi sur l’équité salariale aura 25 ans ces jours-ci, des milliers de travailleurs dans la santé, principalement des femmes, ont appris que des paiements d’équité salariale qui leur sont dus avec rétroactivité à 2010 ou 2015 — selon le titre d’emploi — devront encore attendre.

La loi sur l’équité salariale a été adoptée par l’Assemblée nationale le 21 novembre 1996. Elle visait à corriger la discrimination salariale à l’endroit des titres d’emploi majoritairement occupés par des femmes. Les emplois sont évalués, puis des correctifs salariaux sont apportés rétroactivement, le cas échéant.

Dans le secteur de la santé et des services sociaux, à la suite de la négociation des dernières conventions collectives, il a été convenu d’apporter des correctifs salariaux rétroactivement à 2010 ou 2015, selon le titre d’emploi.

Cela touche par exemple des préposés aux bénéficiaires, des auxiliaires aux services de santé et aux services sociaux, des préposés à l’entretien ménager ou des audiologistes-orthophonistes, a précisé en entrevue Mélanie Gougeon, coordonnatrice à l’équité salariale pour la FTQ et conseillère en évaluation des emplois.

« Une lettre à la dernière minute »

Lorsque le problème des retards de paiement dans la santé a été annoncé, à la fin d’octobre, les syndicats ont appris que cela toucherait également des paiements d’équité salariale qui sont dus aux travailleurs depuis 2010 ou 2015.

« On se retrouve avec une lettre, à la dernière minute, qui nous dit : finalement, il va y avoir des retards » dans les paiements, relate Mme Gougeon.

Les ententes de principe sur le renouvellement des conventions collectives avaient pourtant été conclues en mai ou juin, selon l’organisation syndicale.

« Ça va avoir pris 11 ans pour régler ce dossier-là. Si on avait réglé avant, ça coûterait encore moins cher d’intérêts. Les intérêts aussi ont un coût. Puis là, ça continue à coûter plus cher, parce qu’ils ne se sont pas préparés » depuis les ententes conclues en mai et juin avec les syndicats, a déploré Mme Gougeon.

« La loi, elle a 25 ans cette année ; c’est magnifique ! La loi est là, mais ce que je trouve décevant dans cet anniversaire-là, c’est que, oui il y a eu des changements, oui il y a eu des avancées, mais seigneur qu’il en reste encore ! Puis la plus grosse entreprise du Québec, qui est le secteur public, c’est le plus mauvais exemple au niveau de l’équité salariale », a jugé Mme Gougeon.

Le retard expliqué

Le 4 novembre, le ministère de la Santé et des Services sociaux a confirmé par courriel l’existence de ces retards de paiement, en affirmant que « tous les CISSS et CIUSSS sont impactés par ces changements ».

Le ministère avait attribué ces retards à « une charge de travail majeure, autant pour les établissements de santé que pour les firmes de traitement de la paie ».

« Le volume de modifications à traiter, la portée rétroactive de celles-ci et les délais, convergeant tous à courte échéance, impliquent un défi logistique important pour l’ensemble des acteurs impliqués dans le processus », avait expliqué le ministère.

Il avait assuré « qu’il n’y a pas de crainte à avoir pour les salariés ; ceux-ci toucheront tous les montants qui leur sont dus ».