Sans tambour ni trompette, le spécialiste de la livraison de colis Intelcom a étendu sa présence aux quatre coins du pays au cours des dernières années. Pour s’arrimer à l’essor du commerce en ligne, l’entreprise québécoise a construit son premier centre de tri automatisé à Mississauga, et en ajoutera un autre à Montréal l’an prochain.

Pour l’entreprise dont la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) est le deuxième actionnaire en importance, il s’agit d’investissements de 21 millions, dont 9 millions dans l’arrondissement d’Anjou. Les montants seront annoncés ce lundi.

« Cela va nous permettre d’effectuer une transition et d’offrir une solution intégrée pour nos clients, explique le président et chef de l’exploitation d’Intelcom, François Poliquin. Nous serons en mesure d’effectuer la cueillette jusqu’à la livraison chez les consommateurs. »

À l’heure actuelle, les clients d’Intelcom doivent acheminer les colis, ou confier cette tâche à un sous-traitant, aux 65 stations de l’entreprise réparties dans tout le pays. L’entreprise estime que ses centres de tri lui permettront d’offrir un « point d’entrée unique » à sa clientèle.

Fondée il y a trois décennies, l’entreprise éprouvait des difficultés financières avant de voir Jean-Sébastien Joly, qui est maintenant le grand patron, rejoindre ses rangs en 2006.

La société spécialisée dans le créneau du « dernier kilomètre » – la livraison des colis au domicile des consommateurs – a progressivement redressé ses activités. L’entreprise dit qu’elle est maintenant rentable.

Établie dans Griffintown, Intelcom n’exploite pas de véhicules de livraison. Elle a plutôt conçu des outils technologiques pour optimiser les trajets des 470 sous-traitants avec qui elle brasse des affaires et qui effectuent les livraisons à domicile. Quotidiennement, environ 400 000 colis sont traités.

Un plus grand volume

D’une superficie de 168 000 pi2 – environ quatre terrains de football –, le centre de tri de Mississauga comprendra deux convoyeurs automatisés pouvant respectivement traiter 12 000 colis et 9000 enveloppes à l’heure.

La croissance d’Intelcom s’est accélérée depuis 2015, soit depuis que l’entreprise compte Amazon parmi ses clients. Le géant américain n’a pas répondu aux questions envoyées par La Presse sur sa relation d’affaires avec l’entreprise québécoise, qui fait aussi des livraisons pour La Maison Simons, Altitude Sports et Medzy, notamment.

Est-ce risqué d’aller de l’avant avec des centres de tri pour ajouter une corde à son arc alors qu’Amazon en ajoute également au Canada ? Pas selon M. Poliquin.

« Ce qu’on permet à Amazon, c’est de développer un réseau en le développant avec d’autres clients, dit-il. Dans les grands centres, tout le monde a du volume. Ce n’est pas là que la guerre va se gagner. Avec le volume d’Amazon et [celui de nos autres clients], cela nous permet d’avoir une densité dans les marchés ruraux. »

À Montréal, les installations seront de 100 000 pi2 pour un volume de 18 000 colis et enveloppes à l’heure. Le démarrage des activités est prévu pour le mois de mai dans ce centre situé sur le boulevard Ray-Lawson.

Vancouver, l’Alberta et les Maritimes sont aussi dans la ligne de mire d’Intelcom pour y implanter des centres de tri automatisés.

Selon le président et chef de l’exploitation du spécialiste de la livraison de colis, l’ajout du site de Mississauga arrive à point : au moment où la saison des emplettes en vue du temps des Fêtes s’apprête à battre son plein.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

François Poliquin, président et chef de l’exploitation d’Intelcom

Un des enjeux importants pour les entreprises qui offrent des services en ligne, c’est la capacité. Ils cherchent une compagnie qui peut s’ajuster. C’était stratégique d’être en mesure d’avoir une capacité supplémentaire. Nous avons déployé beaucoup d’efforts pour livrer ce projet en 18 mois.

François Poliquin, président et chef de l’exploitation d’Intelcom

Intelcom dit également avoir misé sur l’automatisation dans ses centres de tri afin d’être moins touchée par les défis de recrutement de personnel, un enjeu pour la quasi-totalité des entreprises.

M. Poliquin croit que la diversification de l’entreprise devrait lui permettre d’ajouter une « trentaine » de clients à sa liste actuelle au cours de la prochaine année. En 2020, Intelcom a généré des revenus de 315 millions.

« La prochaine année, ça devrait être aux alentours du double de ce qui a été mentionné », a répondu M. Poliquin lorsque nous l’avons interrogé sur l’impact de la croissance sur le chiffre d’affaires annuel.

Parallèlement à sa croissance au Canada, Intelcom est présente, par l’entremise de sa filiale Dragonfly Shipping, en Australie.

1800

Intelcom compte plus de 1800 employés à temps plein. L’effectif de l’entreprise est appelé à croître avec l’ajout de ses centres de tri.