Les fabricants québécois de mobilier de bureau ont commencé à adapter leurs produits aux nouvelles réalités de distanciation sanitaire, de télétravail et de places non assignées. Comment leurs designers voient-ils votre avenir ?

Donner le goût de retourner au bureau

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« Quel est le défi des entreprises et des corporations ? C’est de ramener les employés au bureau. Pour faire ça, il va falloir qu’elles fassent des milieux de travail attrayants. Il faut que les gens aient le goût de revenir. »

Martin Chenette, directeur du design de produits chez Teknion Roy & Breton, vient de poser le problème.

Après avoir goûté au travail à la maison, les employés voudront retrouver une part de cette ambiance domestique au bureau.

Ce thème, déjà prévalent avant la pandémie, porte un nom : le résimercial (on aurait pu dire commerdentiel).

« Il s’agit de se sentir comme à la maison dans l’environnement de travail, explique Martin Chenette. On parle d’espace engageant. »

Espace engageant, donc dégagé.

Voilà qui tombe bien, le travail hybride, réparti entre le bureau et la maison, fait en sorte que les employés ne seront pas tous présents simultanément. Corollaire : plus de bureaux inoccupés.

« On va donc pouvoir faire des espaces plus axés sur la collaboration, la rencontre, la socialisation, la reconnexion de l’employé avec la marque de l’entreprise », décrit Jean Barbeau, directeur, recherche et développement, chez Artopex.

Plusieurs entreprises souhaiteront sans doute réduire la superficie de leurs bureaux pour économiser sur le loyer, reconnaît-il.

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Jean Barbeau, directeur, recherche et développement, chez Artopex

Mais on voudra peut-être créer un endroit où on va avoir le goût d’aller pour rencontrer ses collègues. Donc, ça va prendre du mobilier confortable, agréable, esthétique.

Jean Barbeau, directeur, recherche et développement, chez Artopex

« Tout le design industriel embarque à 100 miles à l’heure là-dedans, ajoute-t-il. C’est ce qu’on prépare sur les planches à dessin. »

Une évolution accélérée

Ces nouveaux développements s’inscrivent dans une longue évolution.

Petit retour sur le passé.

Depuis les années 1960, le design du mobilier de bureau a été influencé par des thématiques successives : les systèmes à cloisons des années 1970, les préoccupations ergonomiques des années 1980, la rentabilisation de l’espace après l’éclatement de la bulle technologique...

PHOTO FOURNIE PAR GROUPE LACASSE

Depuis une dizaine d’années, c’est le souci du bien-être au travail des nouvelles générations qui exerce la plus grande influence, avec un décloisonnement de l’espace et l’intégration de lieux plus informels et plus confortables – notamment des petits salons, dits « lounges ».

La COVID-19 est venue exacerber cette tendance. Sous l’effet du confinement, le bureau a influencé la maison, et vice versa. Le bien-être physique et mental au travail devient plus que jamais une priorité... dans les deux endroits.

« C’est comme si la recherche de solutions visant le bien-être qui prévalait avant la pandémie avait reçu une grande claque dans le dos », formule Jean Barbeau. Le développement de solutions pour y parvenir « est donc en pleine effervescence », constate le designer.

Célébrer le présentiel

Certains employés préféreront travailler au bureau pour contrer la solitude, d’autres parce qu’ils sont mal équipés pour le faire à la maison – un problème auquel veulent aussi s’attaquer les grands fabricants, comme nous le verrons.

Mais pour de nombreux travailleurs, « il va falloir donner une raison d’aller au bureau, formule Martin Chenette. Cette raison, c’est la collaboration ».

Les réunions par Zoom, Teams et autres vidéorencontres ont montré leurs limites. Pour lancer des idées, dynamiser les collègues, souder une équipe, rien ne vaut les échanges impromptus et spontanés en petits groupes et en personne.

« Notre lecture de l’après-COVID, c’est que ça va être un genre de rééquilibrage entre les postes de travail et les espaces de collaboration, pronostique Martin Chenette. Et il va y avoir une variété d’espaces de collaboration. »

Quand on en parle entre designers, on aime utiliser l’expression : célébrer le présentiel. Ça veut dire que lorsque je viens au bureau, c’est quasiment un évènement.

Martin Chenette, directeur du design de produits chez Teknion Roy & Breton

Outre qu’il lui faudra être invitant, accueillant et quasi festif, le nouveau décor devra aussi intégrer les nouvelles préoccupations sanitaires, dont on ne connaît pas encore le destin.

« C’est pour ça que les espaces ne sont pas nécessairement identiques à ce qu’ils étaient avant, soulève Dominic Aubry, directeur de produits au Groupe Lacasse. On va retrouver plus d’espaces en aire ouverte, plus confortables, en utilisant par exemple des sièges rembourrés, qui permettent la distanciation tout en travaillant de façon collaborative. »

De façon assez éloquente, une des photos promotionnelles de Lacasse porte d’ailleurs le nom « Return to work spaces – retour au bureau ». Au premier plan de la mise en scène se déploient des meubles qu’on s’attendrait davantage à voir dans un soyeux hall d’hôtel : bergères, canapés en sections, poufs, tables d’appoint...

Chez nous, vous êtes chez vous, croirait-on entendre dire le concierge...

Allez, je t’invite au bureau !

PHOTO FOURNIE PAR ARTOPEX

Si toutes les tendances se confirment et convergent, nous travaillerons dans d’étonnants lieux…

Les plus récents systèmes de bureau des grands fabricants n’ont pas nécessairement eu besoin de modifications fondamentales pour répondre aux accélérations imposées par la pandémie.

« Pas depuis un an et demi. Un des avantages intrinsèques au mobilier de bureau, c’est son aspect flexibilité et modularité », souligne Dominic Aubry, directeur de produits au Groupe Lacasse.

Par exemple, son récent système de bureau Stad permet de composer des espaces qui combinent panneaux acoustiques, petite banquette en alcôve, buffet de rangement, plan de travail réglable... et même un petit coin verdure. Du pur résimercial à la sauce post-pandémique.

IMAGE FOURNIE PAR GROUPE LACASSE

Une des multiples configurations du système de bureau Stad, de Groupe Lacasse

S’éclater dans des bulles

On voudra s’éclater au bureau, mais prudemment. « Le langage bulle amené par la COVID-19 va entrer là aussi », croit Jean Barbeau, directeur, recherche et développement, chez Artopex.

« Au lieu de gros îlots de 12 personnes, on va avoir des petits îlots, peut-être de 3 ou 4 personnes maximum. On va créer plus des bulles, donc. »

C’est ce que permettent déjà certains systèmes de bureaux, tel le système Axel qu’Artopex a lancé tout juste avant la pandémie – une réinterprétation plus souple des systèmes de cloisons, où se juxtaposent des éléments architecturaux. « Parce que le système est très modulaire, il nous permet de faire des petits pavillons, des petits environnements bulles. »

Pergola intérieure

Autre façon de donner une touche domestique à un milieu de travail, les fabricants ont introduit des structures autoportantes, sans parois ou partiellement murées, dont le toit ajouré peut laisser filtrer la lumière ambiante – ni plus ni moins que des pergolas intérieures.

« L’idée, c’est de créer des espaces à l’intérieur des espaces », résume Martin Chenette, directeur du design de produits chez Teknion Roy & Breton.

« Dans l’espace général de bureau, il va y avoir des postes de travail, mais aussi toutes sortes d’espaces de collaboration, fermés ou semi-ouverts. »

Plusieurs de ces produits existaient déjà. Mais la post-pandémie en multipliera la polyvalence, les versions et l’usage.

PHOTO FOURNIE PAR TEKNION ROY & BRETON

Du calme et du vert

La tendance aux espaces ouverts et décloisonnés n’a pas montré que des avantages.

« Ça a amené des problèmes qu’on ne soupçonnait pas, et qu’on aurait dû soupçonner : du bruit, des problèmes de confort acoustique, des problèmes de concentration », fait valoir Jean Barbeau.

Au contraire, à la maison, le calme règne – quand les enfants sont à l’école.

Le travail à la maison nous aura habitués au confort acoustique. Ce confort devra être présent en milieu de travail. On travaille sur des concepts d’écrans qui offriront des degrés d’intimité variables, autant pour les zones de collaboration que pour les aires ouvertes.

Jean Barbeau, directeur, recherche et développement, chez Artopex

On évoque ici un environnement de travail serein – environnement comme dans nature.

« L’intégration de la verdure, c’est un sujet extrêmement populaire aujourd’hui, observe encore Martin Chenette. On conçoit des gammes de produits qui vont intégrer l’aspect verdure. »

De discrets cabinets…

À la maison, il est toujours possible de trouver un coin discret pour les conversations plus personnelles. Mais au bureau, dans un environnement ouvert ?

« Décloisonner, ça a amené le problème de l’intimité, soulève Jean Barbeau. La personne qui veut appeler sa compagnie d’assurance le mardi matin ne veut pas que tout le monde entende ce qu’elle dit, et elle ne peut pas déranger tout le monde. »

Pour résoudre le dilemme, les fabricants ont proposé des espèces de cabines téléphoniques (où on apporte son cellulaire), vitrées et fermées.

Certaines peuvent même accueillir trois ou quatre personnes, pour des réunions qui ne nuiront pas à la concentration des collègues.

Des tables d’écoute

On appelait ça des tables de conférence. Dans leur nouvelle mouture, il faudra leur trouver un autre nom : essayons table de rencontre.

« Quand la pandémie est arrivée, avec l’interdiction de se rencontrer en présentiel, on s’est dit que les tables de conférence allaient peut-être disparaître, relate Dominic Aubry. Mais on pense maintenant que c’est l’inverse qui va se passer. Justement parce que dans un contexte de travail hybride, les gens auront besoin de reconnecter avec le travail. »

Le travail éclaté multipliera les manières d’utiliser les tables de conférence, qui n’en seront plus.

PHOTO FOURNIE PAR GROUPE LACASSE

Une version des nouvelles tables de conférence à niveaux multiples de Lacasse

« Ça va être des réunions formelles, informelles, des présentations, des réunions collaboratives, des réunions improvisées, et pas toujours dans un milieu fermé. »

Dans cet esprit, Lacasse lance ce mois-ci une nouvelle famille de tables de rencontre, à plateaux de tailles variables et à niveaux multiples, qui permettent par exemple au passant de s’accouder nonchalamment pour se joindre à la discussion.

De la couleur et des textures

La pandémie a fait jaillir des écrans partout, y compris dans les endroits les plus incongrus. Ils ne seront plus en acrylique.

« Pour notre système Expansion Cityline, on va justement arriver, en janvier, avec une nouvelle approche qui va encore accroître tout l’aspect de la division d’espace, de l’acoustique et du visuel, avec une dizaine de nouveaux produits », décrit Martin Chenette.

Conçu par son équipe de designers et fabriqué au Québec, le système de Teknion Roy & Breton s’articule autour d’une poutre centrale qui s’allonge tel un long chevalet, sur lequel se greffent des plans de travail réglables et des panneaux séparateurs.

Il sera doté de nouveaux éléments de séparation visuelle et acoustique, avec des matériaux et finis variés – revêtement de liège, par exemple – qui permettront aux designers d’intérieur de combiner teintes et textures.

C’est un peu la tendance de jouer avec les finis, pour que tout ça ne soit pas monolithique, drabe et monochrome.

Martin Chenette, directeur du design de produits chez Teknion Roy & Breton

Cafétéria et terrasse

« Comment pousser plus loin ? lance Martin Chenette. Comment servir l’entreprise dont les employés voudront être motivés, vont venir au bureau pour collaborer, pour faire des brainstorms, pour que ça bouge ? On va très loin dans notre réflexion. »

Jusque dans la cafétéria.

« La cafétéria, si c’est utilisé de midi à 13 h seulement, c’est une perte d’espace majeur. Il faut qu’une cafétéria devienne un endroit où j’ai le goût d’aller même en dehors des heures de dîner pour aller faire une petite réunion avec quelqu’un. Il y a des coins sympathiques, c’est aménagé dans le style café. On est en train de regarder ces types de produits aussi. »

Dans les régions plus douces, cette logique s’étire même jusqu’à l’aménagement de terrasses en bordure de l’édifice. « Les terrasses sont aussi des endroits de collaboration qu’il faut développer. »

Il faudra peut-être attendre un peu avant de les voir apparaître sous nos latitudes.

À chacun ma place

PHOTO FOURNIE PAR TEKNION ROY & BRETON

Des bureaux non assignés nécessitent des cases munies de serrures électroniques pour ranger en toute sécurité ses effets personnels.

Le retour au travail en mode hybride, un pied à domicile et l’autre au bureau, amène les employeurs à repenser l’aménagement. Puisque tous les employés ne sont pas présents en même temps, ne peuvent-ils pas se partager les places disponibles ? L’idée ne bouleverse pas seulement les habitudes…

Non assignées, mais intimes

« On le sait, il va y avoir plus de petits bureaux non assignés, recevables ou non », affirme Martin Chenette, directeur du design de produits chez Teknion Roy & Breton.

Le concept des places non assignées avait fait son apparition avant la pandémie, mais encore une fois, l’expérience de la distanciation et du télétravail à la maison influe sur le principe.

Des espaces de travail où il y a juste des tables à perte de vue, ce n’est pas vrai, ça n’arrivera pas, prévoit le designer. Il faut donner aux gens une certaine intimité.

Martin Chenette, directeur du design de produits chez Teknion Roy & Breton

Pour tous, mais pour moi aussi

Un même bureau occupé alternativement par différentes personnes, nécessairement fort différentes, soulève la question de l’ergonomie.

« Avec les multiples usagers aux mêmes places non assignées, ça devient encore plus important », soutient Jean Barbeau, directeur, recherche et développement, chez Artopex.

« Ça implique effectivement la possibilité de régler le poste de travail à la taille et à l’anthropométrie de la personne. »

Tous les fabricants offrent déjà des plans de travail aisément réglables en hauteur. Mais ce ne sera pas suffisant.

« On est souvent dans une mauvaise posture avec un portable. Ça prend une station relais », poursuit le designer.

Les postes seront munis d’un écran fixe, sur lequel l’employé branchera son appareil. Malheureusement, l’épais bottin téléphonique, si utile pour soulever l’écran, a disparu des bureaux.

L’écran sera ajustable sur un bras articulé.

Jean Barbeau, directeur, recherche et développement, chez Artopex

« La pandémie n’a pas changé cette mouvance, mais elle l’a peut-être accélérée, dit-il. Ces accessoires sont déjà importants et ça va se réaffirmer. »

Les bons vieux casiers, revus et corrigés

Les places non assignées sont accompagnées de la nouvelle interprétation d’un vieil équipement : des casiers pour ranger en toute sécurité ses effets personnels.

Fermée par une serrure électronique, chaque case, large et logeable, s’ouvre avec une carte ou une application de cellulaire, laquelle peut également servir à réserver l’espace de travail.

Ça n’a plus rien à voir avec les vieux vestiaires de gymnase.

« J’entre, et wow, c’est superbe ! décrit Martin Chenette avec enthousiasme. Il y a des fauteuils à travers ça. C’est beau, c’est fonctionnel. »

L’employé y range son ordinateur portable, son clavier, ses écouteurs, « tout ce dont il a besoin pour aller travailler au poste non assigné ».

Un petit plateau – un caddie – sert à transporter ses outils de travail jusqu’à son poste. « Il accroche son caddie pour la journée en dessous du poste de travail, sur un crochet spécialement conçu à cette fin. Et à la fin de la journée de travail, l’inverse se passe, tout son matériel est sécurisé dans les vestiaires. »

Un coin bureau à la maison

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le vent de la pandémie a également soufflé sur le mobilier de bureau pour la maison.

Le travail à domicile n’est pas nouveau pour les travailleurs autonomes.

« La seule différence, c’est qu’à l’époque, les gens savaient qu’ils travaillaient à la maison », explique Vincent Morissette, concepteur industriel principal chez Bestar, fabricant spécialisé dans le mobilier résidentiel prêt à assembler.

« Ils avaient prévu un certain espace, ils avaient une pièce bien à eux. »

PHOTO FOURNIE PAR BESTAR

Le bureau pour la maison Electra, de Bestar, compact et fonctionnel

Pour leur part, les télétravailleurs de la pandémie doivent ménager – autant qu’aménager – un petit coin de travail dans un domicile qui s’y prête rarement.

« Ils se trouvent obligés de travailler à la maison, et ils n’ont peut-être pas l’espace nécessaire. »

Bestar fabrique déjà et distribue en ligne de petits meubles de bureau pour la maison.

« Il y a un certain format, certaines dimensions. On savait quoi faire. Maintenant, on essaie de sortir quelque chose d’encore plus petit », exprime le designer.

Ce que j’aimerais faire, c’est quelque chose qui peut se refermer ou devenir invisible une fois qu’on a fini de travailler.

Vincent Morissette, concepteur industriel principal chez Bestar

Un petit tour de prestidigitation, en quelque sorte. « Et si on peut avoir un effet wow !, c’est toujours intéressant. Mais évidemment, il faut que ça reste fonctionnel et ergonomique. Et à un prix raisonnable, parce que le prix est toujours très important dans ce qu’on fait. »

Au bon moment

Le fabricant de meubles résidentiels South Shore s’était intéressé au problème du travail à domicile au bon moment : huit mois avant la pandémie. En juillet 2019, l’entreprise de Sainte-Croix a lancé une étude sur l’environnement des travailleurs à la maison.

L’objectif était de « concevoir des produits plus pour la maison, mais aussi pour les petites entreprises de style start-up, décrit le designer industriel de l’entreprise, Alain Juneau. Les gens nous ont dit qu’ils veulent un environnement invitant, inspirant. Ils veulent que ce soit aéré, convivial. »

South Shore a conçu et lancé en 2020 quatre modèles, qui peuvent combiner bureaux à tiroirs ou plan de travail en L, table réglable, caissons et armoires de rangement, dont Helsy, qui connaît un franc succès.

C’est un look léger, épuré. On est dans des styles qui sont plus en lien avec les pièces de la maison. On veut que le bureau soit utilisé pour le travail, mais aussi pour la famille.

Alain Juneau, designer industriel de South Shore

Lancée à point nommé, la gamme a connu un succès phénoménal, dit-il. À tel point que le designer travaille à une seconde phase. « Il y a encore des besoins pour les espaces plus restreints, entre autres. »

Les grands aussi

PHOTO FOURNIE PAR SOUTH SHORE

Le système de bureau pour la maison Helsy de South Shore a été conçu par le designer Alain Juneau.

Forcés par les circonstances, les grands fabricants se sont eux aussi soudainement intéressés au marché des travailleurs à domicile.

Avant la pandémie, Artopex n’avait ni mobilier de bureau pour la maison, ni meuble prêt à assembler, ni vente sur l’internet.

« On s’est lancés là-dedans assez rapidement au début avril 2020 », relate Jean Barbeau, directeur, recherche et développement, chez Artopex.

« On a mis sur pied un site transactionnel et on a conçu des produits en l’espace de huit semaines pour vendre en ligne. »

Simples et compacts, les nouveaux meubles sont fabriqués sur la nouvelle chaîne robotisée de l’entreprise, « avec le moins d’interventions humaines possible, parce que [l’entreprise] ne savait pas sur le plan humain non plus combien d’employés [elle] pourrait rappeler en usine ».

Le modèle le plus populaire, le bureau Arlow, est un solide petit bureau aux lignes simples, dont un des flancs est muni de petites tablettes.

Artopex a également conclu des ententes avec ses plus importants clients pour proposer à leurs télétravailleurs du mobilier de travail approprié et abordable.

Leurs employés peuvent acheter le bureau prêt à assembler sur le site transactionnel d’Artopex avec un code promotionnel.

« C’est livré chez le travailleur directement et non pas par un de nos distributeurs. Ça a froissé un peu notre réseau, mais il faut vivre, il faut se réinventer », souligne Jean Barbeau.

Artopex a été contacté par d’importants promoteurs immobiliers, Devimco notamment, pour concevoir à leur intention de petits meubles de bureau qui seraient proposés aux acheteurs ou locataires de leurs nouveaux condos. « On a développé pour eux trois produits qui ne sont pas sur notre site web. »

L’ergonomie domestique

Le Groupe Lacasse s’est lui aussi fait forcer la main par la pandémie.

« On a dit : c’est le moment, il faut y aller », raconte le directeur de produits, Dominic Aubry.

Son équipe a conçu des postes de télétravail différents selon qu’ils étaient vendus par le réseau de distributeurs ou directement en ligne.

Notre mobilier de télétravail qui est vendu dans notre réseau commercial va être peut-être un peu plus étoffé en ce qui concerne les possibilités, les dimensions, les espaces.

Dominic Aubry, directeur de produits du Groupe Lacasse

Dans son réseau commercial, le Groupe Lacasse mettra davantage l’accent sur la robustesse et la durabilité. Il sera plus facile également de personnaliser le mobilier.

Pour ce marché, une solution de télétravail a été adaptée du système de bureau Stad, prévu pour les aires ouvertes.

Une autre gamme est issue de la collection CA, « un peu plus abordable ».

Pour les meubles à assembler conçus pour la vente en ligne, « les solutions sont un peu plus de base », pour une clientèle « un peu plus consciente du budget ».

Chez les télétravailleurs d’occasion, l’espace disponible est généralement plus restreint – et plus encombré d’éléments étrangers. « Il faut donc adapter un peu l’aspect dimensionnel et l’aspect ergonomique », souligne le designer de profession.

« L’intégration au décor est plus importante dans le résidentiel. Les gens sont prêts à plus de compromis, par exemple dans l’ergonomie, pour s’agencer avec le style de leur maison. »

Après tout, c’est le travail qui s’est invité.