(Luxembourg) Quelque 2000 Polonais du syndicat Solidarnosc ont manifesté vendredi à Luxembourg contre l’ordre donné à leur pays par la justice européenne de fermer la mine de charbon de Turow, dénonçant une « décision impitoyable et unilatérale ».

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), basée à Luxembourg, a ordonné en mai à la Pologne de « cesser immédiatement » l’exploitation de la mine de Turow, à la frontière de la République tchèque qui se plaint de nuisances sur son environnement et son approvisionnement en eau. En septembre, la Cour a condamné Varsovie à payer une astreinte journalière de 500 000 euros, jusqu’à l’arrêt de la mine.

« Nous sommes opposés à ce que la CJUE ferme la mine de charbon où travaillent 5000 personnes », a déclaré Krzystsztof Brezniak, un des leaders syndicaux, venu avec ses troupes dans le quartier européen où les forces de police et les barricades avaient remplacé les fonctionnaires.

« Un juge veut fermer une mine qui fournit du charbon et de l’électricité à beaucoup de monde », s’est indigné Stanislaw Kierklo, un Polonais résidant en Belgique.

Le gouvernement polonais refuse de procéder à la fermeture de la mine, soulignant qu’elle aurait des « conséquences négatives sur la sécurité énergétique pour des millions de Polonais et pour l’ensemble de l’UE ». Cette mine de lignite (charbon de qualité médiocre) assure la fourniture d’environ 7 % de l’électricité en Pologne.

« Si ça ferme, nous n’aurons ni travail, ni électricité », s’est plaint Stanislaw Kierklo, plaidant pour un dialogue entre Prague et Varsovie, pour « qu’on trouve des solutions ensemble ».  

Le cortège, qui a défilé dans le calme, s’est rendu à l’ambassade de République tchèque dans le centre de Luxembourg où quatre leaders syndicaux ont été reçus.

« De nombreuses familles ont besoin de cet argent pour vivre. Beaucoup d’entreprises dépendent de la mine. C’est toute la région qui s’écroule », a averti Albert Pudlo, un manifestant qui a passé quinze heures dans le bus pour venir au Luxembourg.

Krzystsztof Brezniak a réclamé « plus de temps », notamment pour permettre un changement du « charbon au solaire ».  

« La Pologne n’a pas d’énergie nucléaire », a renchéri Stanislaw Kierklo, qui souligne que l’exploitant a beaucoup investi dans cette mine. Le groupe énergétique public polonais PGE, qui la détient et l’exploite, compte en extraire du charbon jusqu’en 2044 et veut l’étendre de 25 à 30 kilomètres carrés.

Le premier ministre polonais Mateuzs Morawiecki s’est retrouvé sur la sellette lors d’un sommet européen jeudi et vendredi, après la crise déclenchée par la décision controversée du Tribunal constitutionnel du pays le 7 octobre remettant en cause la primauté du droit européen sur le droit national et la compétence de la Cour de justice de l’UE.