(Ottawa) Des groupes écologistes canadiens soutiennent que l’industrie des énergies fossiles ne peut plus se cacher derrière sa rentabilité économique pour justifier une croissance de la production.

Pour l’analyste de Greenpeace Canada, Keith Stewart, les plus récentes prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) démontrent que pour freiner le réchauffement climatique, aucun investissement ne serait justifiable dans les industries pétrolières et gazières à partir de la fin de l’année.

Au Canada, en raison du coût supplémentaire lié à la taxe sur le carbone et d’un coût de production déjà plus élevé, l’AIE prévoit une chute de la demande pour le pétrole canadien avant la fin de la décennie.

De l’avis de Keith Stewart, cela signale qu’il est temps de transférer dès maintenant tous les investissements des énergies fossiles vers les technologies vertes.

D’ailleurs, l’AIE souligne que les grandes entreprises pétrolières ont l’occasion idéale d’utiliser « leurs talents, leurs compétences et leurs ressources » afin de s’offrir un avantage compétitif dans le développement de nouvelles technologies d’énergie propre.

Toujours selon son rapport, l’AIE prévoit que selon les politiques environnementales actuelles, l’industrie canadienne devrait continuer de croître d’un volume de 700 000 barils supplémentaires d’ici 2030 avant de commencer à se contracter.

L’agence estime qu’en fonction des politiques proposées par le gouvernement fédéral actuel, l’industrie pétrolière canadienne devrait régresser de 100 000 barils par jour à partir de 2030. Et si les politiques zéro émission sont adoptées pour 2050, la décroissance sera encore plus rapide.

Du côté de l’industrie, le président de l’Association canadienne des producteurs pétroliers, Tim McMillan, assure que ses membres investissent d’importantes sommes pour rendre leur secteur plus vert. Il ajoute que l’industrie devrait demeurer un choix d’investissement solide et que les gouvernements pourraient ainsi financer davantage d’énergie propre dans le futur.

Mondialement, l’AIE prévoit qu’en fonction des politiques actuelles pour lutter contre les changements climatiques, la demande mondiale de pétrole devrait commencer à chuter à partir de 2030. Elle pourrait toutefois décliner dès 2025 si les cibles de réduction des gaz à effet de serre sont rehaussées.

Dans ce contexte, l’industrie canadienne serait rapidement déclassée par des marchés à plus faibles coûts comme le Moyen-Orient et la Russie, prédit-on.