Le projet de corridor ferroviaire dans le nord du Québec qui faciliterait les exportations vers l’Europe et le reste du monde vient de franchir une étape importante avec le contrat attribué à SNC-Lavalin et Norda Stelo pour en évaluer la faisabilité.

Les deux firmes d’ingénierie doivent déterminer si la construction d’un lien ferroviaire de 370 kilomètres entre Dolbeau-Mistassini et le port en eau profonde de Baie-Comeau est réalisable et rentable, a indiqué Marcel Furlong, préfet de la MRC de Manicouagan, qui fait partie des promoteurs du projet connu sous le nom de Qc Rail.

Le nouveau corridor permettrait aux exportateurs canadiens de rejoindre plus rapidement les marchés mondiaux, tout en désengorgeant le réseau ferroviaire du sud. L’investissement est estimé à 2 milliards, somme qui pourrait évoluer avec les résultats de l’étude de faisabilité, a indiqué M. Furlong.

Le tracé envisagé dans les études préliminaires pourrait aussi être modifié.

S’il se réalise, le projet Qc Rail serait une solution de rechange plus rapide et moins coûteuse au corridor Québec-Windsor pour les entreprises exportatrices du Manitoba, de l’Ontario et du Québec.

Des céréales chargées dans l’ouest du pays pourraient atteindre les ports européens six jours plus tôt qu’en passant par le corridor Québec-Windsor, selon des estimations préliminaires.

Le corridor Québec-Windsor, déjà très achalandé, sera encore plus utilisé si les projets d’amélioration du transport de passagers déjà sur la table se réalisent.

De gros noms comme le CN, qui possède déjà des lignes ferroviaires dans le nord de l’Ontario et du Québec, et Cargill, qui exploite à Baie-Comeau un des plus gros terminaux céréaliers en Amérique du Nord, pourraient investir dans le projet. D’autres entreprises exportatrices, comme Alcoa et Résolu, s’intéressent aussi au projet.

Des inquiétudes

Le projet Qc Rail a déjà commencé à susciter de l’inquiétude, notamment du côté du port de Saguenay, qui craint de perdre une partie de sa clientèle au profit du nouveau corridor ferroviaire.

Les dirigeants du port de Saguenay se sont prononcés avant de connaître le projet, estime Marcel Furlong. « Ce qu’on cherche à faire ne peut pas être fait au Saguenay, explique-t-il. On veut transporter de grosses quantités de marchandises, à grande vitesse, dans des convois de centaines de wagons. »

De même, le port de Montréal n’est pas menacé par le nouveau corridor qui n’acheminerait pas de conteneurs, mais de la marchandise en vrac seulement, selon son promoteur.

Qc Rail n’a pas l’intention non plus de transporter du pétrole et de faire ce que l’oléoduc Énergie Est voulait faire, c’est-à-dire assurer un accès aux marchés mondiaux pour le brut canadien, assure Marcel Furlong.

SNC-Lavalin et Norda Stelo doivent proposer un tracé optimal pour le corridor, des plans de routes ferroviaires et une estimation des coûts. Leurs travaux dureront deux ans et coûteront 15 millions. L’étude a été financée par le gouvernement du Québec (7,5 millions), le gouvernement du Canada (7,45 millions) et Innovation et développement Manicouagan (50 000 $).

« C’est passionnant de participer à un projet qui pourrait mener à un chemin de fer plus efficace et financièrement avantageux pour le transport des marchandises au Canada », estime Ben Almond, chef de la direction, ingénierie, conception et de gestion de projet, de SNC-Lavalin.

Si l’étude est concluante, les travaux de construction pourraient commencer en 2025. « Je suis confiant, mais pas trop, dit pour sa part Marcel Furlong. On est conscients qu’il y a des embûches à surmonter. »

2750 km

Le nouveau tronçon relié aux voies existantes permettrait de rejoindre le centre du Canada sur une distance totale de 2750 km.