Les taux d’intérêt réels, soit les taux nominaux dégonflés de l’inflation, sont négatifs actuellement pour la plupart des émetteurs. Il ne faut pas s’attendre à un revirement rapide de tendance, selon Martin Coiteux, l’économiste de la Caisse de dépôt. Une situation qui n’est pas sans créer des enjeux d’équité entre les générations, avance-t-il.

« Ces dernières années, la valorisation des actifs et l’effet de levier lié à l’endettement se sont adaptés à la persistance d’un environnement de bas taux d’intérêt », constate Martin Coiteux, chef analyse économique et stratégie globale de la Caisse de dépôt. Il participait lundi à l’atelier Gérer une volatilité sans précédent dans le cadre de la Conférence de Montréal.

« On constate qu’il est extrêmement difficile de se sortir de cet environnement, poursuit-il. Mon avis est que les taux réels seront très bas à l’avenir. »

Impact sur le prix des maisons

Cet environnement bien particulier a nourri l’inflation dans le prix des actifs financiers et de l’immobilier.

« Le prix du logement est un défi majeur, répond l’ancien ministre libéral à une question de l’animatrice Katie Martin, éditrice au Financial Times. Cela devient un des problèmes créés par cet environnement de taux d’intérêt bas et d’abondance de liquidités dans lequel nous nous trouvons depuis une bonne décennie maintenant. Et ça se poursuit toujours.

« Je le répète, insiste M. Coiteux, une fois qu’on injecte autant de liquidités dans le marché, une fois que le système s’adapte à cet environnement de bas taux d’intérêt, il est très difficile de revenir en arrière. On est pris à essayer de trouver une sorte d’équilibre plus ou moins confortable. C’est là où nous en sommes maintenant.

L’environnement actuel a des implications sur la répartition des actifs et des revenus entre les générations. Cela va devenir un enjeu de plus en plus important pour nos sociétés. Nous devons réfléchir à des politiques pour y remédier.

Martin Coiteux, chef analyse économique et stratégie globale de la Caisse de dépôt

M. Coiteux n’a pas détaillé les implications. Mais l’autre panelliste de l’atelier Euan Munro, chef de la direction chez Newton Investment Management, a fait référence au fait que les propriétaires de maison, souvent des gens âgés de 40 ans et plus, s’enrichissent avec l’envolée des prix de l’immobilier, alors que les plus jeunes, souvent locataires, ne profitent pas de ce facteur d’enrichissement et, pire, en font parfois les frais par le truchement de loyers plus élevés.