Déclenchée il y a quatre mois, la grève pourrait prendre fin à l’usine d’abattage de porcs d’Olymel de Vallée-Jonction, en Beauce. Une entente de principe est intervenue dimanche entre les deux parties, après un blitz de négociations.

Dans les circonstances, Olymel, qui avait annoncé son intention d’abolir son quart de travail du soir, supprimant ainsi 500 emplois, suspend sa décision, le temps que le syndicat représentant 1050 travailleurs tienne un vote en assemblée.

Après avoir annoncé qu’elles en étaient venues à une entente en fin de journée dimanche, les deux parties ont refusé de nous accorder des entrevues, préférant réagir par communiqués.

« Devant la perspective d’un règlement, la direction d’Olymel a accepté de repousser à mercredi matin (1er septembre) l’envoi des lettres de licenciement qui devaient être expédiées dès demain [lundi] à plus de 500 employés affectés au quart de soir à l’usine de Vallée-Jonction », peut-on lire dans le communiqué diffusé par l’entreprise dimanche.

« La suppression du quart de soir était devenue nécessaire dans la perspective d’une poursuite indéfinie de la grève, a affirmé Paul Beauchamp, premier vice-président chez Olymel. Cette décision difficile sera abandonnée dans le cas d’un vote en faveur de l’entente de principe conclue aujourd’hui et qui doit faire l’objet d’une recommandation favorable de la part de l’exécutif syndical. Un vote favorable mettra fin à une grève qui est entrée dans son cinquième mois hier et a eu des impacts économiques extrêmement négatifs sur l’entreprise et la région et fait toujours peser la menace d’abattages humanitaires et de gaspillage alimentaire, en plus de contraindre plusieurs producteurs de porcs du Québec à des conditions d’élevage inadmissibles. »

Assemblée générale

De son côté, le Syndicat des travailleurs d’Olymel de Vallée-Jonction (STOVJ), affilié à la CSN, indique qu’il « convoquera rapidement ses membres en assemblée générale pour présenter cette nouvelle entente de principe ». S’ils se prononcent en faveur de celle-ci, la grève prendra fin.

Le vote pourrait avoir lieu mardi, selon ce qu’a affirmé sur Twitter le ministre du Travail, Jean Boulet, qui s’est empressé de féliciter les deux parties. « Je félicite les parties pour cette nouvelle entente de principe. Accompagnées par Jean Poirier, médiateur spécial, l’entente est intervenue dimanche en fin PM. Le blitz de médiation a porté fruit. »

La « rencontre de la dernière chance »

Rappelons qu’il y a plus d’une semaine, les travailleurs syndiqués de l’usine de la Beauce ont voté à 57 % contre une première entente de principe intervenue entre le syndicat et l’employeur. Les salaires, les horaires et la durée de la convention collective comptaient parmi les principaux points en litige. Le gouvernement avait alors nommé un médiateur spécial. Insatisfaite de l’évolution des négociations, Olymel avait alors annoncé son intention d’abolir le quart de travail de soir si les deux parties n’arrivaient pas à s’entendre avant le dimanche 29 août à minuit.

Le ministre du Travail a par la suite convoqué les deux parties à une « rencontre de la dernière chance ». Il leur a alors proposé d’aller en arbitrage, ce qui, selon le ministre, aurait mis fin au conflit. Olymel a accepté l’offre, alors que le syndicat l’a rejetée, préférant poursuivre la négociation. « Nous sommes toujours convaincus qu’une entente de principe négociée est encore à notre portée, et ce, dans un délai rapide », avait alors déclaré le président du syndicat, Martin Maurice, dans un communiqué. C’est à la suite de ce refus que les deux parties ont entrepris vendredi un blitz de négociations ayant mené à l’entente de principe intervenue dimanche.

L’usine de la Beauce abat en moyenne 36 000 porcs par semaine, ce qui correspond à environ 20 % à 25 % du total de l’abattage fait au Québec. Selon les chiffres les plus récents dévoilés par Les éleveurs de porcs du Québec, on compte actuellement 179 900 bêtes en attente.

Bien que la situation évolue, Les éleveurs retiennent toujours leur souffle. « Les éleveurs de porcs attendront le résultat du vote pour pousser un réel soupir de soulagement, a indiqué le président, David Duval, dans une déclaration envoyée à La Presse. Cependant, on peut se réjouir de l’entente de principe. Beaucoup de défis se dresseront devant nous, mais espérons que la cadence d’abattage reprendra sous peu pour donner un répit à tous les éleveurs qui écopent depuis le 28 avril. »