(Montréal) Les partis politiques fédéraux parlent trop peu d’économie durant cette campagne électorale, estime Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) qui les pressent de dire comment ils comptent contrer la pénurie de main-d’œuvre, leur « plus grande priorité ».

« Pour le peu qu’on a entendu [parler d’économie], on constate qu’on n’est pas tout à fait bien aligné sur les priorités économiques, notamment au Québec, et surtout le secteur manufacturier », affirme Véronique Proulx, la présidente-directrice générale de MEQ, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Tant les libéraux, que les conservateurs et les néo-démocrates ont promis de créer un million d’emplois s’ils forment le prochain gouvernement. « On n’a pas besoin de créer des emplois. On a besoin de travailleurs. On n’arrive même pas à pourvoir les postes actuels que l’on a », lance-t-elle au bout du fil.

Dans une « plateforme » publiée samedi, le regroupement de gens d’affaires énumère quatre priorités, afin que les gouvernements proposent des mesures ou des programmes pour aider les entreprises de leur secteur. Il réclame notamment une fois de plus qu’Ottawa assouplisse le programme des travailleurs étrangers temporaires et abaisse les seuils d’immigration économique.

« Au Québec, on a 150 000 postes vacants dans tous les secteurs d’activité, dont 20 000 dans le secteur manufacturier, a dit Mme Proulx. Présentement, on a des entreprises partout à travers le Québec, en région, mais aussi à Montréal, qui doivent refuser des commandes, refuser des contrats, qui reportent des projets d’investissements parce qu’ils ne trouvent pas de travailleurs. »

Selon un sondage mené au mois de juin par MEQ, 98,5 % des 400 entreprises interrogées disent avoir des besoins de main-d’œuvre et 45 % croient qu’une hausse des seuils d’immigration les aiderait beaucoup à régler ce problème.

Salaires

Les salaires offerts, dont la moyenne est de 28 $/h dans le secteur selon l’association, sont-ils concurrentiels pour attirer les candidats canadiens ? « Ça varie en fonction des régions et des types de postes », reconnaît Mme Proulx qui explique que « les travailleurs étrangers temporaires vont pouvoir venir répondre en partie à ces salaires-là qui sont peut-être moins compétitifs ».

Mme Proulx ajoute que l’analyse des salaires doit toutefois prendre en compte la compétitivité des entreprises, y compris celles qui ont des usines dans différents pays et qui comparent leurs coûts de production.

L’association qui représente 1100 entreprises a mené une tournée régionale dans les derniers points au cours de laquelle les employeurs ont raconté qu’ils s’arrachent les travailleurs en enchérissant sur les salaires, face à un bassin de travailleurs qui reste le même.

Tandis que le taux de chômage était de 6,1 % au Québec au mois de juillet, selon Statistique Canada, la pénurie de main-d’œuvre serait particulièrement présente dans des régions où le taux est nettement plus bas que la moyenne, comme Chaudière-Appalaches, où il se situe à 3,4 %.

Manufacturiers et Exportateurs du Québec organise mercredi un débat entre des candidats désignés par les quatre principaux partis politiques afin qu’ils présentent la vision économique de leur formation.