« Si, par miracle, je gagne, je vais assumer », promet le candidat du Parti vert dans Papineau, circonscription de Justin Trudeau

La fin de l’été sera mémorable pour l’entrepreneur et conseiller en stratégie numérique Alain Lépine. Le président et cofondateur de Global Lingua (cours de langues à distance) et conseiller d’affaires principal d’Inno-centre change de chapeau le temps d’une campagne électorale. Il est candidat pour le Parti vert du Canada dans Papineau. Les chances qu’il soit élu député le 20 septembre ? Niet, zéro, selon ses dires. Il faut être lucide quand on se présente dans la circonscription de Justin Trudeau !

Il rêve quand même que 10 % des votes soient en sa faveur. Mais surtout, il souhaite une attention éclair le temps de passer un message : l’importance de s’attarder aux changements climatiques. « Si, par miracle, je gagne, je vais assumer ! », lance-t-il.

Une telle occasion s’est présentée par la bande. En fait, grâce à l’ancien candidat vert dans Papineau Juan Vazquez, que M. Lépine a aidé bénévolement lors de la dernière élection fédérale. « Je gagne très bien ma vie et j’aime mon travail, raconte-t-il. J’ai des projets d’expansion avec Global Lingua et je conseille des entrepreneurs. J’aime les rencontrer. Ils pensent toujours à trouver des solutions. Ce sont des gens d’action, qui ne s’arrêtent pas à la parole. Je suis fasciné par leur énergie. »

Mais Alain Lépine est avant tout un mordu des questions climatiques, depuis l’époque de son bac en sciences à l’Université McGill, à Montréal. « J’ai passé un an au département de sciences atmosphériques et océaniques, se remémore-t-il. Je me rappelle très bien quand on a étudié les premiers modèles sur les changements climatiques de James Hansen. Ça disait que, d’ici 2100, la température pourrait grimper de 0,5 °C à 4 °C. Tout le monde rejetait les modèles en haut de 1,5 °C à l’époque. Il n’y avait pas d’inquiétudes, mais avec les années, c’est devenu plus réel et préoccupant. »

Le « côté geek météo » d’Alain Lépine lui a depuis fait coller le nez quotidiennement aux graphiques, données et autres modèles de probabilités de fonte des glaciers et du réchauffement climatique de sites tels Tropical Tidbits et National Snow and Ice Data Center. Le candidat a bien assimilé la matière et la vulgarise aisément en entrevue. Le recul de la banquise dans l’Arctique, la fonte du Groenland, la fonte du pergélisol qui libère beaucoup de méthane…

Vendredi matin, pour la première fois, au point culminant du Groenland, il y a eu de la pluie.

Alain Lépine, entrepreneur et candidat du Parti vert du Canada dans Papineau

« Les scientifiques commencent à être très anxieux, illustre Alain Lépine. Malheureusement, ils ne sont pas écoutés. Va-t-on pouvoir limiter le réchauffement à 1 ou 2 °C ? L’inaction gouvernementale me fait halluciner. On veut prendre l’argent de la vente de pétrole à l’étranger pour financer le virage vert. Le Canada va réduire ses émissions, mais augmenter sa production de pétrole. Or, il n’y a pas de frontières aux gaz à effet de serre. C’est absurde ! Ça s’apparente à de l’écoblanchiment. En affaires, c’est de la comptabilité créative. C’est bien faire paraître les chiffres. »

Message pour la communauté d’affaires

L’analogie financière n’est pas fortuite, car c’est principalement à la communauté d’affaires qu’Alain Lépine souhaite faire passer un message pendant sa campagne. « Les entrepreneurs devraient être obsédés par leur empreinte carbone, affirme-t-il. Dans la chaîne de production d’un produit fabriqué en Chine et livré ici, 95 % de l’énergie utilisée est fossile. L’activité industrielle et le transport sont responsables de 30 % de l’émission globale de gaz à effet de serre. J’invite donc les entrepreneurs à trouver des solutions, à s’interroger sur l’ensemble de leur production. La communauté d’affaires peut avoir une incidence. »

Alain Lépine s’est évertué à trouver une formule choc pour faire réagir et ainsi contrer le réchauffement, la fonte des glaces et la montée du niveau des océans.

L’Asie du Sud, l’Inde, le golfe Persique vont devenir invivables. Pour faire réagir, peut-être devrait-on dire que toutes vos destinations vacances préférées vont disparaître ? Ça aura plus d’impact que de parler simplement de réchauffement climatique.

Alain Lépine, entrepreneur et candidat du Parti vert du Canada dans Papineau

Un mois, est-ce suffisant pour se faire entendre ? Car au lendemain des élections, Alain Lépine retournera à son job d’entrepreneur. « Je lance le message comme je peux, dit-il. On écoute le D[Horacio] Arruda, mais pas les scientifiques, qui ont pourtant aussi une autorité morale. C’est eux qui comprenaient à l’école ce qu’on ne comprenait pas ! Avec les modèles, on voit très bien ce qui s’en vient. »