(Montréal) L’automne dernier, Québec s’est attaqué au problème de « chômage pandémique » en misant sur un programme de requalification de la main-d’œuvre qui offre des formations accélérées et une allocation de 500 $ par semaine à des personnes touchées par la pandémie pour se reformer dans un secteur plus prometteur ou acquérir de nouvelles connaissances.

Alors que le programme mis sur pied au coût de 114 millions tire à sa fin en décembre et qu’une reprise économique à deux vitesses semble se dessiner pour le moment, un état des lieux s’impose. De quels secteurs proviennent ceux qui se sont inscrits au programme provincial et dans quel domaine ont-ils choisi de se reconvertir ?

Ils viennent principalement (30 %) du secteur des ventes et services. Bien que le secteur du tourisme et de l’hôtellerie soit durement touché par les conséquences de la crise, seulement 1 % des inscriptions proviennent de cette catégorie.

Le personnel de l’alimentation et de la restauration compte pour 10 % des participants et 11,4 % des personnes inscrites œuvraient auparavant dans le domaine du commerce de détail et de gros.

Près de la moitié (40 %) des gens ayant opté pour l’une des formations offertes se sont dirigés vers des secteurs prioritaires.

Ainsi, 17,6 % se sont tournés vers la construction, 13,2 % en santé, 6,8 % dans les technologies de l’information et 2,4 % en service de garde.

La moitié des personnes inscrites ont moins de 35 ans et la proportion d’hommes (51 %) dépasse légèrement celle des femmes (48 %).

Pour tenter de juguler la crise actuelle, le Programme d’aide à la relance par l’augmentation de la formation (PARAF) a accueilli, en date du 26 juillet, plus de 20 000 personnes, et « 5000 autres commenceront leur formation dans les prochains mois », confirme en entrevue téléphonique le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet.

Le ministre se montre très satisfait à l’égard de ces chiffres. Ce programme gagnerait toutefois à aller chercher une plus grande participation de l’avis du président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Karl Blackburn, qui juge somme toute que le PARAF « est une excellente mesure », un bon point de départ.

Le président du CPQ estime aussi « qu’on ne peut pas se contenter d’une seule mesure ». Une opinion que partage le ministre du Travail, qui démontre une ouverture à mettre en place plusieurs solutions. En entrevue, M. Boulet souligne l’importance de certaines formules comme l’augmentation des compétences et l’alternance travail-études.

Selon M. Blackburn, il faudrait non seulement enrichir l’offre de formation, mais aussi permettre aux travailleurs plus âgés de rester en emploi plus longtemps sans pénalité fiscale et « ajuster les seuils d’immigration qui n’ont cessé de diminuer ces dernières années », entre autres choses.

Car la pénurie de main-d’œuvre qu’il « constate dans toutes les régions du Québec » n’ira qu’en s’accroissant si rien n’est fait étant donné la démographie de la province. Le vieillissement de la population, les départs à la retraite couplés au faible taux de natalité ne sont que quelques-uns des éléments qui expliquent le manque de main-d’œuvre. La pandémie n’a fait qu’accentuer le phénomène, rappelle M. Blackburn.

Selon l’Enquête sur les postes vacants et les salaires de Statistique Canada, le nombre total de postes vacants était en hausse de 18 455 (+ 14,4 %) au premier trimestre de 2021 par rapport aux trois premiers mois de l’année précédente. Ce qui correspondait donc à 146 865 postes à pourvoir au Québec en date du 31 mars.

Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.