Québec veut qu’Hydro-Québec lance des appels d’offres d’un équivalent de 780 mégawatts en énergie renouvelable d’ici la fin de l’année et d’autres appels d’offres pourraient être lancés sous peu.

Par décret, le gouvernement a lancé mercredi la première étape d’un appel d’offres par la société d’État pour de nouveaux approvisionnements en énergie renouvelable. Hydro-Québec devrait publier les appels d’offres d’ici la fin de l’année. Les nouvelles sources d’approvisionnement devraient être en fonction en 2026.

Un bloc de 300 mégawatts est réservé pour l’éolien. Les 480 mégawatts restants peuvent être comblés à partir de toute source d’énergie renouvelable. « L’industrie éolienne a fait des pas de géant ces dernières années et est maintenant une option incontournable dans le portefeuille énergétique du Québec », commente Jonatan Julien, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, dans un communiqué.

Au Québec, les parcs éoliens en activité, sous contrat avec Hydro-Québec, représentent près de 4000 mégawatts. L’ajout d’un bloc de 300 mégawatts viendrait donc accroître la puissance disponible de 7,5 %. Hydro-Québec estime que 1000 mégawatts de puissance permettent d’alimenter l’équivalent de la consommation d’énergie de 160 000 foyers.

Le décret prévoit que les communautés locales devront avoir une participation dans le projet à hauteur « d’environ » 50 %. Le contenu québécois du projet devra représenter 60 % des dépenses globales. Aussi, 35 % des dépenses globales devront provenir de la région où se situe le projet ou de la MRC de La Matanie ou de la région de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.

Hydro-Québec travaille à l’élaboration des modalités de l’appel d’offres et devrait être en mesure de les présenter à la Régie de l’énergie en septembre, dit Cendrix Bouchard, porte-parole de la société d’État. Les appels d’offres devraient être lancés d’ici la fin 2021. L’annonce des projets retenus pourrait se faire au cours de l’année 2022.

Des besoins à combler

D’autres appels d’offres suivront sous peu, prévoit le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles. Les besoins supplémentaires en énergie renouvelable seraient d’au moins 1400 mégawatts d’ici 2029, selon le gouvernement.

D’avoir chiffré les besoins est une excellente nouvelle pour l’industrie, croit Gabriel Durany, président-directeur général de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER). « Ça nous donne une prévisibilité qui permettra de mobiliser les ressources humaines et les capitaux », affirme-t-il en entrevue.

Il s’agit d’un changement de cap pour le gouvernement Legault. En 2018, le premier ministre François Legault affirmait qu’Hydro-Québec prévoyait des surplus pour au moins une décennie pour justifier sa décision de mettre un frein au projet de parc éolien Apuiat, lancé par le gouvernement Couillard. Le projet a été relancé en février dernier.

Désormais, Hydro-Québec estime qu’elle devrait trouver d’autres sources d’énergie pour combler ses besoins à partir de 2027, selon la mise à jour de son plan d’approvisionnement présenté en novembre dernier. Le développement des serres, des centres de données et de la voiture électrique fait partie des facteurs contribuant aux changements des prévisions.

L’annonce va dans le bon sens pour atteindre l’objectif gouvernemental de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 37,5 % par rapport au niveau de 1990 pour 2030, estime M. Durany. Les besoins en énergie renouvelable pourraient encore être plus importants. Il note que l’électricité ne représente que 40 % de la consommation d’énergie au Québec. Les 60 % restants proviennent du pétrole et du gaz naturel, notamment pour le transport, les activités industrielles ou le chauffage des bâtiments. « Ça veut dire qu’il nous faut aller chercher 60 % des parts de marché. »