La Société Générale n’est plus impliquée dans le projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel Énergie Saguenay de GNL Québec, a-t-elle indiqué, jeudi.

Dans une note ajoutée à ses réponses écrites aux actionnaires, en date du 8 juillet, l’institution financière française affirme ne plus être le « conseil financier de GNL Québec » depuis 2019.

Elle précise avoir « continué à effectuer des travaux et à répondre à des demandes de GNL Québec concernant le projet Énergie Saguenay jusqu’en 2021 », ajoutant que « ce n’est plus le cas aujourd’hui ».

La Société Générale n’a pas fourni davantage de précisions et n’a pas rappelé La Presse.

L’institution bancaire rappelle dans ses réponses écrites aux actionnaires sa volonté de « réduire son portefeuille lié aux activités d’extraction de pétrole et gaz de 10 % d’ici à 2025 ».

Elle y précise aussi ne pas être impliquée dans le projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel Goldboro LNG, en Nouvelle-Écosse, qui a été mis sur la glace la semaine dernière par l’entreprise albertaine Pieridae Energy, ni dans le projet « Quebec LNG ».

Remerciée

Dans un communiqué diffusé plus tard dans la journée, GNL Québec affirme que c’est elle qui « a mis fin dans les dernières semaines à sa relation avec la Société Générale ».

Cette décision a été prise « en raison des récentes déclarations publiques de [la Société Générale] » au sujet du projet « Quebec LNG », qui n’a rien à voir avec GNL Québec, affirme l’entreprise.

« Les références erronées selon lesquelles la Société Générale abandonnait le projet Énergie Saguenay de GNL Québec ont créé de la confusion et ainsi mené à un bris de confiance », affirme le président de GNL Québec, Tony Le Verger, dans une déclaration écrite transmise à La Presse.

Une coalition de groupes sociaux et environnementaux opposés au projet Énergie Saguenay estime que le divorce entre la Société Générale et GNL Québec est un signe de plus que le gouvernement Legault doit le rejeter.

« Après que Warren Buffett et Investissement Québec ont abandonné GNL Québec, voilà que la gazière perd son principal banquier, ce qui démontre que le projet est en déroute totale », a déclaré Patrick Bonin, responsable de la campagne climat-énergie de Greenpeace Canada.

La majorité de la population et les investisseurs sont clairs : le gaz fossile ne fait pas partie des solutions permettant de réaliser une véritable transition juste et verte.

Patrick Bonin, Greenpeace Canada

GNL Québec minimise l’importance de ce divorce et affirme qu’elle annoncera prochainement un partenariat avec un grand acteur « internationalement connu » pour remplacer la Société Générale.

« Il est courant pour les entreprises d’infrastructure comme nous de changer de conseiller lors des phases de pré-construction d’un projet en développement », affirme Tony Le Verger, cité dans le communiqué.

Pas d’influence sur la décision de Québec

Ce divorce n’aura aucune influence sur la décision de Québec d’autoriser ou non le projet Énergie Saguenay, a déclaré dans un entretien à La Presse le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette.

« La décision qui me revient, c’est une évaluation objective d’un projet, donc ce n’est pas qui le finance, qui soutient, qui ne le soutient pas », a-t-il expliqué.

C’est réellement en fonction de la Loi sur la qualité de l’environnement, on évalue les impacts d’un projet et on détermine si ces impacts-là sont trop négatifs pour qu’un projet soit accepté, c’est la seule base d’analyse.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

L’évaluation du projet « est presque complétée » et la décision devrait être annoncée d’ici la fin de l’été, a réitéré le ministre.

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a rendu en mars un rapport très critique du projet Énergie Saguenay, qui avait fait dire au ministre Charette que les conditions n’étaient pas encore réunies pour qu’il l’autorise.

Exportation en Allemagne ou pas ?

L’annonce en juin d’un partenariat entre GNL Québec et Hanseatic Energy Hub, qui pilote un projet de terminal d’importation de GNL près de Hambourg, signifie-t-elle que des débouchés ont été trouvés pour le gaz qui serait produit à l’usine d’Énergie Saguenay ? C’est ce que certains en ont conclu, mais Hanseatic Energy le « nie fermement », affirme la coalition de groupes sociaux et environnementaux opposés au projet Énergie Saguenay, citant une déclaration de l’entreprise allemande publiée sur un site internet spécialisé dans le domaine de l’énergie. Le président de GNL Québec, Tony Le Verger, explique que « Hanseatic n’est pas une cliente, c’est un regazéificateur », confirmant qu’aucun contrat n’a encore été signé avec un acheteur. « Les contrats finaux, ça se signe entre six et neuf mois avant le début de la construction [d’une usine] », dit-il. Le partenariat entre les deux entreprises vise plutôt à développer conjointement des marchés et à « mettre en place une chaîne de valeur », explique M. Le Verger. La Presse n’a pu joindre Hanseatic Energy, jeudi.