Une partie de la solution à la pénurie de main-d’œuvre au Québec passe par les Premières Nations, soutient un regroupement de gens d’affaires. Ils formulent des suggestions concrètes et pressent les différents ordres de gouvernement d’agir.

Un rapport de la BMO préparé en collaboration avec la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), qui sera présenté ce mardi, recommande aux gouvernements du Québec et du Canada ainsi qu’aux municipalités de reconnaître que la main-d’œuvre autochtone est un des remèdes à la pénurie de main-d’œuvre au Québec.

L’étude recommande que les travailleurs autochtones soient mieux intégrés aux stratégies de réponse au manque de travailleurs.

Consultez le rapport de la BMO

Il est précisément proposé de faciliter l’embauche de travailleurs autochtones par des mesures incitatives comme des crédits d’impôt et la réalisation de stages par des candidats autochtones à l’emploi.

Le rapport cible plusieurs catégories d’activité dans lesquelles les relations économiques entre Québécois et Autochtones pourraient se déployer.

Le secteur industriel et manufacturier en est un où la main-d’œuvre autochtone pourrait être employée dans une proportion grandissante, indique-t-on.

Il s’agit toutefois d’un domaine où, souvent, des parcours de formation et de qualification adaptés devraient être mis en place pour intégrer des travailleurs qui n’ont pas nécessairement terminé le préalable habituel du diplôme de cinquième secondaire, est-il précisé.

Certaines entreprises pourraient par exemple voir des avantages à installer dans les communautés autochtones ou à proximité des installations secondaires comme des ateliers de soudure, de peinture, d’assemblage.

Le rapport indique aussi que la construction d’habitations devrait être un domaine prioritaire de développement économique. « Les besoins sont immenses et pressants. »

Expertise en technologies

En technologie, il est indiqué que les nations autochtones sont « très actives » sur les réseaux sociaux. « Cela témoigne d’un intérêt pour les technologies et le web. » Certaines communautés ont acquis une « expertise réelle » pour le divertissement en ligne (gaming), tandis qu’un nombre croissant d’entreprises, notamment dans le secteur touristique, maîtrisent les rouages de la promotion sur l’internet et des réservations en ligne, précise le rapport.

« La technologie fait partie intégrante du développement économique des communautés autochtones. Des enjeux de connectivité sont toutefois un obstacle dans certaines communautés isolées », peut-on lire.

« Le temps est du côté des Premières Nations », dit François Morin, un des auteurs du rapport et directeur général des opérations et affaires publiques à la BMO pour le Québec et l’Atlantique.

Le vieillissement de la population québécoise est connu. Les Autochtones sont très jeunes. La moyenne d’âge est d’une trentaine d’années. Ils ont cette force de jeunesse qui nous manque. Bien entendu, les Autochtones représentent seulement 1,8 % de la population, mais ils peuvent faire partie de l’équation pour combler la pénurie de main-d’œuvre au Québec.

François Morin, un des auteurs du rapport et directeur général des opérations et affaires publiques à la BMO pour le Québec et l’Atlantique, en entrevue avec La Presse

L’éducation et la qualification sont un des constats « incontournables » et un « défi majeur » à relever, notent par ailleurs les auteurs du rapport. « Il y a certainement avec les maisons d’enseignement professionnel une façon de voir comment on peut former les jeunes autochtones aux besoins des entreprises. Certaines mesures doivent aussi être mises en place par les entreprises. »

Certaines entreprises le font très bien déjà, dit François Morin, en pensant notamment à l’aluminerie Alouette de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, où travaillent plusieurs dizaines d’employés innus.

Dialogue avec les Premières Nations

Le rapport intitulé Bâtir un capital de confiance se veut une amorce de dialogue pour imaginer un avenir commun. Il souligne qu’à l’heure où le Québec vit une grave pénurie de main-d’œuvre, les communautés autochtones abritent une « jeunesse nombreuse qui cherche à se réaliser ».

Des échanges et entrevues ayant eu lieu ce printemps avec notamment des leaders autochtones ont guidé l’élaboration de recommandations visant à favoriser les rapprochements entre les gens d’affaires et les communautés autochtones.

L’objectif est de stimuler les relations économiques : embauche d’employés autochtones par des entreprises québécoises, créations de coentreprises entre Québécois et Autochtones, attribution de contrats à des fournisseurs autochtones, installation d’une unité de production dans une communauté autochtone, ententes conduisant au versement de redevances en échange de l’usage d’une terre, etc.

Les résultats du rapport doivent être présentés à la communauté d’affaires de la Fédération des chambres de commerce du Québec à l’occasion d’une table ronde virtuelle à laquelle participeront notamment l’ex-premier ministre du Canada Paul Martin et le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard.