Le fondateur et actionnaire de contrôle d’Exfo, Germain Lamonde, rejette les avances de Viavi même si le concurrent américain offre 25 % de plus que la somme qu’il propose lui-même pour fermer le capital de l’entreprise de Québec.

Viavi, un fournisseur de solutions de mesure et de test de réseaux de communications dont les actions sont inscrites au NASDAQ, a divulgué mercredi une offre évaluée à un peu plus d’un demi-milliard de dollars, l’équivalent de 9,14 $ par action (7,50 $ US).

La semaine dernière, Germain Lamonde avait présenté une proposition à 6 $ US par action pour fermer le capital de l’entreprise de Québec spécialisée dans l’équipement de tests pour le secteur des télécommunications.

À 7,50 $ US par action, Viavi fait valoir que son offre se situe dans le haut de la fourchette de 5,75 $ US à 7,50 $ US fixée par les experts de la TD, l’évaluateur indépendant ayant déposé une analyse dans le cadre de l’offre élaborée par Germain Lamonde.

En réaction à l’offre de l’entreprise de Scottsdale, en Arizona, Germain Lamonde – qui est aussi président exécutif du conseil d’Exfo – souligne par communiqué que c’est la troisième fois depuis l’automne que Viavi fait une offre pour acquérir Exfo. En novembre, Viavi avait proposé 4,75 $ US par action avant de bonifier l’offre à 5,25 $ US le mois dernier.

Germain Lamonde révèle aussi qu’à chaque occasion, il a indiqué « clairement » au conseil d’administration d’Exfo qu’il n’envisagerait aucune opération avec Viavi et que le conseil a par conséquent conclu qu’il n’y avait aucun intérêt à poursuivre les discussions avec Viavi.

Germain Lamonde contrôle la destinée d’Exfo. Il détient 61 % des actions en circulation et 94 % des droits de vote. « Comme mentionné à plusieurs reprises au conseil, je n’examinerai aucune opération de changement de contrôle comme celle proposée par Viavi. Mes actions ne sont pas à vendre », dit-il.

Je veux être très clair : soit l’opération proposée que j’ai présentée à 6 $ US l’action est acceptée par les actionnaires, soit Exfo poursuit ses activités en tant que société ouverte. Je crois fermement aux perspectives d’Exfo à titre d’entreprise autonome et je n’ai pas l’intention de modifier les activités actuelles, y compris l’emplacement du siège social à Québec.

Germain Lamonde, fondateur et actionnaire de contrôle d’Exfo

Devant une possible pression d’actionnaires, l’analyste Daniel Chan, de la TD, croit qu’il est toujours possible que Germain Lamonde bonifie sa proposition. Mais c’est plutôt improbable, ajoute-t-il dans une note envoyée à ses clients.

Pour être acceptée, l’offre de Germain Lamonde nécessite que la majorité de la minorité des actionnaires vote en sa faveur. Si les actionnaires minoritaires votent contre cette offre, l’action d’Exfo pourrait retourner aux alentours de 4,45 $ à Toronto, ce qui est le prix où elle se négociait avant la proposition, souligne Daniel Chan.

L’action d’Exfo avait bondi de 22 % jusqu’à 8,77 $ à la Bourse de Toronto durant la journée avant de se replier rapidement après la réaction de Germain Lamonde. Le titre a finalement clôturé la séance en hausse de 2,5 % à 7,40 $ à Toronto.

À l’exception d’un très bref moment en 2017, l’action d’Exfo n’a pas atteint le prix offert par Germain Lamonde depuis 2012. C’est d’ailleurs pourquoi des observateurs croient que l’offre de Germain Lamonde mérite d’être sérieusement considérée.

Un escompte a longtemps été appliqué sur le titre d’Exfo par rapport à ses comparables en raison notamment de la compression des marges et de la faible visibilité entourant les revenus, ce qui explique pourquoi l’entreprise a fréquemment déçu les marchés, selon Robert Young, de la firme Canaccord.