Le débat au sujet de la surchauffe immobilière s’est déplacé à l’Assemblée nationale jeudi. La porte-parole de l’opposition officielle en matière d’habitation, Marie-Claude Nichols, en a rappelé les impacts sur les familles et demandé au gouvernement des solutions pour intervenir.

« Bien que le gouvernement de la CAQ ne reconnaisse pas la crise du logement, il y en a une partout au Québec. Il faut vraiment être déconnecté pour ne pas s’en rendre compte », a-t-elle lancé à l’Assemblée en citant un article de La Presse publié jeudi.

« De jeunes familles qui souhaitent acquérir un immeuble, un toit, une maison pour élever leurs enfants doivent faire face à des surenchères incroyables », a-t-elle illustré.

« J’ai juste le goût de dire : réveillez-vous. Aidez nos jeunes familles. »

Le ministre des Finances, Eric Girard, a répondu en expliquant les raisons de la surchauffe actuelle, causée par la forte demande due au télétravail, des taux d’intérêt bas et le fait qu’il y ait énormément de liquidité dans le système. « Ça, ça va s’autocorriger », a-t-il dit.

Ensuite, il a parlé d’augmenter les mises de fonds, de diminuer l’amortissement ou d’augmenter les tests qui limitent l’endettement, des mesures proposées par le Bureau du surintendant des institutions financières et l’AMF.

Enchères transparentes

Le ministre Girard a toutefois reconnu certains problèmes. « Il y a deux pratiques qui sont inquiétantes [sur le plan] de la protection des individus, c’est-à-dire la renonciation à l’inspection, d’une part, et, d’autre part, les processus d’enchère qui ne sont pas transparents. »

Un discours différent de celui de la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest qui, dans notre entrevue publiée jeudi, disait plutôt qu’elle privilégiait la confidentialité dans les processus d’enchère. La ministre n’était pas en Chambre, jeudi, à cause de l’alternance de la présence des ministres imposée par le contexte de la pandémie.

Si la ministre Laforest disait dans notre article que le gouvernement ne pourrait pas obliger les inspections avant l’achat d’une propriété à cause du manque d’inspecteurs, le ministre Girard a laissé entendre qu’il planchait sur des mesures concernant la renonciation aux inspections. « Alors, on est là-dessus », a-t-il précisé avant d’ajouter : « Et ce qui est important, c’est que les gens soient prudents dans l’acquisition d’un bien qui est extrêmement important dans la valeur de leur patrimoine. »

L’ancienne proposition du Parti libéral de taxer les acheteurs étrangers, qui représentent moins de 3 % du marché « serait inefficace », a-t-il dit.

De son côté, Carlos Leitão, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’économie, a ajouté qu’il n’était pas d’accord avec le ministre Girard. « Cette crise ne se réglera pas toute seule. Le marché laissé à lui-même ne s’autocorrigera pas. Nous avons déjà vu plusieurs crises immobilières. Le marché ne s’autoréglera pas », citant ensuite les économistes des banques qui incitent à agir maintenant.

— Avec Tommy Chouinard, La Presse