(Montréal) Le syndicat des Métallos prédit plus de morts et plus de conflits de travail, si le projet de loi 59 en santé-sécurité est adopté tel quel. Son mécontentement est tel qu’il préférerait le statu quo à la réforme présentée.

Au cours d’une conférence de presse, mardi, le directeur québécois du syndicat des Métallos, Dominic Lemieux, aux côtés de représentants de plusieurs syndicats dans les mines du Québec, a vertement critiqué le projet de loi, et même les amendements qui ont été déposés par le ministre du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet.

Le syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, voit dans ces amendements des « reculs de 40 ans » en matière de santé et sécurité dans les mines. Les deux lois que ce projet de loi vient réformer remontent justement à 40 ans.

« S’il y a moins d’indemnisation, les employeurs, ça va leur coûter moins cher. Alors, c’est sûr qu’ils vont faire moins de prévention. Dans le secteur minier, reculer c’est retourner à l’époque où il y avait plus de morts et c’est aussi des gens qui vont avoir du mal à faire reconnaître leurs cas de surdité, leurs cancers professionnels liés au plomb, au diesel », a soutenu M. Lemieux.

Le directeur du syndicat de 60 000 membres au Québec prévoit aussi plus de conflits de travail, parce que le projet de loi ne prévoit plus de minimum d’heures de libération pour les représentants à la prévention et de minimum pour la fréquence des rencontres de prévention.

Il y a déjà eu des conflits de travail où l’un des enjeux était justement la libération du représentant à la prévention, souligne M. Lemieux, citant le cas d’un établissement au Nouveau-Brunswick.

« S’il n’y a plus rien de minimum dans la loi au Québec pour venir dire qu’un représentant à la prévention va être libéré tant d’heures par semaine, c’est clair que la directive va venir de très haut, pour dire “on va couper les heures de libération des représentants de travailleurs”. Clairement, ce n’est pas dans la philosophie de ces multinationales-là de travailler conjointement en santé-sécurité », lance-t-il.

Le syndicat des Métallos critique également le projet de loi parce qu’il remet trop la prévention entre les mains de l’employeur, plutôt qu’à une instance paritaire avec les employés.

Il lui reproche également de permettre aux grands employeurs qui exploitent plusieurs mines, par exemple, de n’avoir qu’un seul représentant à la prévention pour plusieurs établissements.

Pour toutes ces raisons, M. Lemieux dit préférer carrément le statu quo au projet de loi 59, même tel qu’amendé.

Les mines réagissent

De son côté, en réaction à la sortie des Métallos, l’Association minière du Québec a tenu à affirmer qu’elle avait à cœur la santé et la sécurité des travailleurs et qu’elle n’entendait pas diminuer ses efforts en la matière.

« La préoccupation envers la santé-sécurité au travail ne date pas d’hier dans l’industrie minière. À cet effet, nos membres vont au-delà des exigences légales et réglementaires. Il n’y a donc aucune crainte à avoir quant à un relâchement des efforts », a-t-elle fait savoir par courriel.

« Les gestes posés au fil des ans portent leurs fruits. À titre d’exemple, en 2019, le secteur minier québécois a enregistré un faible nombre d’accidents, soit 75 pour un total de 25 millions d’heures travaillées. C’est le résultat d’une mobilisation de tous les niveaux hiérarchiques. Fière de ce bilan fort enviable, l’industrie minière ne nivellera jamais par le bas en matière de santé-sécurité au travail », écrit encore l’association.