Le gouvernement du Québec, qui met 55 millions pour amorcer le projet d’expansion du Port de Montréal à Contrecœur, appuiera aussi le Port de Québec, qui veut se doter d’un terminal de conteneurs qui pourrait lui faire concurrence.

« Le gouvernement appuie les deux projets, a assuré la ministre déléguée aux Transports, Chantal Rouleau, lors de l’annonce de la contribution financière de Québec au projet du Port de Montréal. Ce qui est important pour nous, c’est la synergie et la complémentarité dans l’offre. Ce sont deux projets importants pour l’économie du Québec. »

« C’est le marché qui dicte le développement des infrastructures », a prudemment commenté le nouveau président-directeur de l’Administration portuaire de Montréal, Martin Imbleau, au sujet du projet de Québec.

Avec deux partenaires, le géant chinois Hutchison Ports et le CN, le Port de Québec a annoncé en 2019 son intention de construire un terminal de conteneurs de 775 millions.

De son côté, le Port de Montréal projette depuis plusieurs années une expansion de sa capacité de manutention de conteneurs à Contrecœur, sur la rive sud du fleuve.

Ce projet estimé à entre 750 millions et 950 millions a reçu mardi une aide financière de 55 millions du gouvernement du Québec pour amorcer les travaux de préparation du site. Ces travaux d’un coût total de 111 millions pourraient commencer dès l’automne prochain, et le Port de Montréal paiera le reste de la facture.

L’appui de Québec est une « contribution significative, qui permet de consolider un projet qui contribuera à la relance économique du Québec, s’est réjoui Martin Imbleau. Et Dieu sait que nous allons en avoir besoin », a-t-il ajouté.

L’aide financière de Québec au projet d’expansion du Port de Montréal, toujours en attente d’autorisations réglementaires, a été saluée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, mais des environnementalistes la trouvent prématurée.

« Il est inquiétant de voir des décideurs politiques soutenir financièrement un projet dont l’évaluation environnementale n’est pas encore finalisée », ont critiqué les représentants du Centre québécois du droit à l’environnement et de la Société pour la nature et les parcs, dans un message commun.

Les deux groupes s’inquiètent particulièrement du sort du chevalier cuivré, une espèce de poisson en voie de disparition qui pourrait être affectée par le projet.

Le PDG du Port de Montréal a assuré que l’impact du projet sur le chevalier cuivré est pris très au sérieux.

Le gouvernement fédéral, qui vient de décider de protéger l’habitat du chevalier cuivré, a donné son appui au projet de Contrecœur avec l’annonce d’un investissement de 300 millions de la Banque d’infrastructure du Canada. Le reste du financement du projet, qui doit provenir du Port de Montréal et de partenaires privés, reste à préciser.

Le fleuve  est-il assez profond ?

L’expansion du Port de Montréal sur la rive sud du fleuve lui permettra de doubler sa capacité de manutention de conteneurs. Montréal accueillera des navires de plus en plus gros, et la profondeur du fleuve, moins grande qu’à Québec, pourrait limiter la taille de ces navires. « La profondeur du fleuve n’est pas un enjeu », a assuré Martin Imbleau. Il estime que c’est plutôt une « réalité opérationnelle » qui peut être « optimisée ».

« On est confiants que le Port de Montréal va pouvoir accueillir des bateaux de très grandes dimensions et qu’il va contribuer significativement à l’économie du Québec », a dit Martin Imbleau.

Si tout se passe comme prévu, la construction du nouveau terminal commencera en 2022 et s’achèvera en 2024. Quelque 5000 emplois seront créés pendant la période de construction et 1000 personnes y travailleront sur une base permanente.

Le remplacement du ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, par un nouveau titulaire, Omar Alghabra, un député ontarien, ne devrait avoir aucun impact sur l’échéancier du projet, selon le Port de Montréal. « Ça implique seulement un bon briefing pour éduquer les nouvelles équipes en place », a commenté M. Imbleau.