Kube Innovation a mis au point « la première technologie au monde qui permet de mesurer la force de morsure », assure l’entreprise. Avec l’appareil Innobyte, les dentistes peuvent chiffrer avec précision la capacité masticatoire de leur patient, afin d’adapter le traitement, la solution technique ou les matériaux de la réparation en fonction d’un critère mesurable et systématique.

Qui

Frédérik Marcil est un jeune ingénieur mécanique qui a notamment travaillé dans le secteur aéronautique.

« J’avais toujours rêvé d’être entrepreneur, dit-il. Je cherchais une idée et j’ai eu la chance de rencontrer un denturologiste, Jocelyn Vignola. Je lui ai dit : “Dans ta pratique, je suis convaincu qu’on pourrait amener de nouvelles technologies pour donner de meilleurs soins.” »

Ils ont (prudemment) mis le doigt sur ce besoin : mesurer la force maximale de la morsure des patients.

Frédérik Marcil a fondé son entreprise, Kube Innovation, en 2015, avec le soutien du denturologiste.

« J’ai commencé à temps partiel à inventer la technologie, informe l’ingénieur. Je l’ai dessinée, j’ai fait des impressions 3D, j’ai fait des prototypes. »

Dès 2016, il se consacrait à temps plein au produit qu’il a appelé Innobyte.

Je me suis rendu compte que dans le domaine dentaire, c’est énormément basé sur le jugement clinique. Des signes visuels de l’usure, par exemple. Mais il n’y a rien qui permet de mesurer, d’avoir un chiffre, pour prévenir ces problèmes-là.

Frédérik Marcil, président et fondateur de Kube Innovation

Le produit

L’appareil se présente sous la forme d’un embout en silicone qui se glisse dans la bouche du patient. Pour systématiser les mesures, des butées permettent de positionner parfaitement l’embout entre les dents.

Lorsque le patient mord dans l’embout au maximum de sa capacité, un fluide incompressible transmet la force exercée jusqu’à des capteurs, eux-mêmes reliés par un fil à une télécommande à affichage numérique.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

L’appareil se présente sous la forme d’un embout en silicone qui se glisse dans la bouche du patient. Pour systématiser les mesures, des butées permettent de positionner parfaitement l’embout entre les dents.

« On a inventé une façon de calibrer les capteurs. C’était un des enjeux : s’assurer que chaque fois qu’on met 100 newtons, le résultat est précis et répétable. »

Grâce à ses mesures, l’entreprise a pu étalonner les forces de morsure, sous la forme d’une échelle colorée qui facilite les explications au patient. La force normale est de 650 à 1000 newtons.

Les bénéfices

L’appareil apporte deux principaux bénéfices.

« Le premier point est que ça permet aux dentistes de bien concevoir le plan de traitement », indique Frédérik Marcil.

En second lieu, « les patients réalisent plus rapidement qu’ils ont besoin d’un traitement et pourquoi ».

Premiers essais

Après une série de tests préliminaires avec des cliniciens, l’entreprise a réalisé en 2017 une première étape de financement « qui [lui] a permis d’obtenir [son] homologation de Santé Canada, avec des investisseurs québécois ».

Avec cet apport d’argent frais, Frédérik Marcil a pu ouvrir un bureau, puis ce qu’il appelle « une mini-usine ».

Le produit est assemblé à Montréal, « par nous, par mes mains, en fait, précise-t-il. On est une petite compagnie, j’en assemble encore certains ».

L’entreprise compte maintenant quatre personnes.

Le marché

Depuis la mise en marché, en 2018, une cinquantaine d’appareils ont été vendus au Canada. « La réalité, c’est que c’est moi qui ai fait toutes les ventes depuis 2018. Avec 24 heures dans une journée et deux jambes, je peux seulement me déplacer jusqu’à un certain point. »

Au début de l’automne, Kube Innovation a conclu une entente de distribution canadienne exclusive avec Henry Schein, l’un des plus importants distributeurs mondiaux de produits dentaires – ce qui est de bon augure pour l’avenir.

La technologie est brevetée au Canada, aux États-Unis et en Europe.

L’avenir

« On a commencé les démarches pour être homologués par la FDA, pour nous permettre d’exporter le plus rapidement possible, dit Frédérik Marcil. D’ici décembre, on devrait avoir l’autorisation nécessaire pour commencer à vendre aux dentistes américains.

« Ça va être un grand pas pour l’entreprise. »

L’entreprise est prête à faire face à un accroissement de la demande.

« Durant la pandémie, on a mis de l’énergie en recherche et développement pour automatiser avec des robots une bonne partie de la production de notre mini-usine.

« On pourrait avoir 100 fois plus de ventes et on serait capables de fournir. »