S’il veut donner un nouveau souffle à l’industrie de l’aluminium, le gouvernement québécois aurait intérêt à écouter les sous-traitants et les fournisseurs d’équipement des alumineries, qui veulent doubler leurs exportations au cours des cinq prochaines années.

« On fait partie de l’équation », fait valoir Éloïse Harvey, présidente de Mecfor et porte-parole d’une dizaine d’entreprises parmi celles qui fabriquent les équipements spécialisés utilisés par les grands producteurs d’aluminium primaire dans le monde.

Ensemble, le regroupement emploie 900 personnes et génère des revenus de 183 millions, dont 57 % proviennent déjà des marchés d’exportation.

Alors que le gouvernement québécois a entrepris de moderniser sa stratégie de l’aluminium, les équipementiers demandent un coup de pouce pour pouvoir améliorer la compétitivité du secteur qui exporte le plus au Québec, avec celui de l’aéronautique.

« On a des usines performantes et notre marché potentiel est immense, résume Patrice Côté, président de Dynamic Concept, mais on a des défis de commercialisation. »

Il n’est pas évident pour des entreprises de petite taille de vendre leurs produits très spécialisés à un des acheteurs disséminés sur la planète, expliquent les deux porte-parole du regroupement des équipementiers.

Dans le mémoire qu’ils ont soumis au ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, qui a entrepris de consulter l’industrie, ils demandent une aide financière accrue pour commercialiser leurs produits. Les programmes existants d’aide à l’exportation, comme PEX, sont utiles mais insuffisants, expliquent les deux porte-parole.

Cette aide pourrait prendre la forme de crédits d’impôt pour le développement des marchés internationaux et d’un programme de prêts sans intérêt pour soutenir le développement de nouveaux produits.

Éviter l’exemple américain

Dépendantes des producteurs d’aluminium primaire, les entreprises membres du regroupement s’inquiètent des difficultés actuelles de l’industrie.

Les alumineries du Québec ont beau se dire modernes et compétitives par rapport à la concurrence mondiale, elles prennent du retard en matière de technologie, estiment leurs fournisseurs.

« La plupart des usines des producteurs d’aluminium primaire au Québec ne sont plus à la fine pointe de la technologie, soulignent-ils dans leur mémoire. Il faut à tout prix que le Québec se mobilise afin d’empêcher ces usines de se déprécier et d’imiter les usines américaines qui peinent à demeurer rentables et menacent de fermer leurs portes étant donné l’écart technologique devenu insurmontable. »

Actuellement, les investissements des alumineries servent uniquement à maintenir leurs actifs, déplorent-ils.

Si le gouvernement veut aider les producteurs de métal primaire à moderniser leurs usines ou à en construire de nouvelles, il pourrait lier son appui au recours à des fournisseurs québécois, suggèrent aussi les équipementiers.