Les prix alléchants affichés actuellement pour un forfait tout-inclus à Cancún ou à Punta Cana et la grisaille automnale qui s’installe donnent envie à bien des Québécois de s’envoler vers des destinations soleil, mais la quarantaine imposée au retour freine beaucoup de clients potentiels, soutiennent des agents de voyages interrogés par La Presse, dont plusieurs font à peine 10 % des ventes totales enregistrées à la même période l’an dernier.

« Depuis les deux, trois dernières semaines, on sent que les Québécois ont comme le wake-up call du Sud », affirme Justin Bordeleau, copropriétaire et vice-président de Voyages Arc-en-ciel, qui possède trois succursales dans la région de Trois-Rivières.

Melia Hotels International, un important groupe espagnol, a annoncé récemment la réouverture de ses établissements notamment situés au Mexique et dans les Caraïbes. De leur côté, les compagnies aériennes d’ici (Transat, Sunwing et Air Canada) annoncent sur leurs sites une panoplie de forfaits tout-inclus à des prix inférieurs à ce qui est normalement affiché à cette période-ci de l’année, confirment les experts en voyages.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Les compagnies aériennes d’ici (Transat, Sunwing et Air Canada) annoncent sur leurs sites une panoplie de forfaits tout-inclus à des prix inférieurs à ce qui est normalement affiché à cette période-ci de l’année, confirment les experts en voyages.

Mais malgré tout, selon M. Bordeleau, la carence en vitamine D ne fait pas le poids contre les contraintes imposées à ceux qui veulent aller s’étendre sur la plage, et ce, même si les prix sont « très, très bas ». « Il y a des freins majeurs actuellement : l’avis d’éviter tout voyage non essentiel et le confinement obligatoire de deux semaines au retour de l’étranger. »

« C’est la quatorzaine au retour qui bloque la masse », soutient Fabrice Bozon, vice-président des opérations de Voyages Bergeron.

Résultat : les agences de voyages qui gèrent normalement un haut taux de réservations vers le Sud à cette période-ci de l’année réussissent à peine à faire 10 % des ventes habituelles. « C’est catastrophique », lance M. Bozon.

Or, selon lui, la formule tout-inclus représente sans doute la façon la plus sécuritaire de voyager en ce moment. « Aujourd’hui, c’est quasiment la seule façon d’être dans un environnement contrôlé, croit-il. C’est vraiment sur ces destinations-là qu’on peut démontrer au monde qu’il est possible de voyager sans problème. »

De retour de la Riviera Maya, André Desmarais, propriétaire de l’agence Aéroport Voyage et président de la section Québec de l’Association canadienne des agences de voyages, partage cet avis. « C’est presque l’idéal de voyager dans le Sud en ce moment parce qu’il n’y a pas de surcapacité, et les hôtels se sont très, très bien adaptés », témoigne-t-il.

Puisqu’elle croit que les 14 jours d’isolement dissuadent les voyageurs et nuisent à la relance de l’industrie touristique, son association plaide en faveur de l’imposition d’un test de COVID-19 au départ et à l’arrivée des voyageurs. Une suggestion que plusieurs agences consultées trouvent intéressante.

Cap sur 2021

D’ici là, on garde espoir pour 2021. C’est le cas de Club Med. À la lumière d’un sondage effectué à la grandeur du pays à la mi-septembre, près de 70 % des voyageurs seraient prêts à repartir l’an prochain, dont la majorité au printemps, révèle Amélie Brouhard, vice-présidente du groupe pour le Canada et le Mexique.

Pour inciter les gens à réserver leur séjour aussi loin que le printemps ou l’été prochain, l’entreprise a mis en place une politique de flexibilité bonifiée et l’assistance médicale d’urgence. Ainsi, « on a des réservations qui se font avec très peu de risque ».

Dans les circonstances actuelles, Justin Bordeleau préfère pour sa part rester discret et ne pas se lancer dans des grandes opérations de marketing. « Notre mandat, c’est d’informer nos clients. Ce n’est pas de prendre une décision à leur place, dit-il. Je ne suis pas à l’aise de faire la promotion du tourisme international dans un contexte comme celui-là. »