(Montréal) La CSN-Construction a échoué dans sa tentative de faire modifier le protocole de négociation entre les associations syndicales de l’industrie de la construction. Le Tribunal d’arbitrage vient en effet de rejeter ses demandes.

La loi prévoit qu’avant d’entamer les négociations face aux associations patronales pour renouveler les conventions collectives dans l’industrie de la construction, les cinq organisations syndicales doivent conclure entre elles un protocole de négociation.

Le protocole de négociation intersyndical traite de la formation des différents comités de négociation, du partage des coûts des négociations entre les cinq, des relations avec les médias, entre autres sujets.

Pour la négociation des conventions qui doit bientôt commencer, le protocole intersyndical avait été accepté par les quatre principales associations syndicales, qui représentent 94 % des 192 000 travailleurs de l’industrie de la construction. Mais la CSN-Construction, qui n’en représente que 6 %, voulait faire modifier le protocole sous plusieurs aspects. Un litige avait donc éclaté entre les organisations syndicales et elle avait demandé l’arbitrage.

Or, le Tribunal d’arbitrage a estimé que le protocole de négociation qui avait été convenu entre les associations syndicales, lors de la précédente négociation des conventions collectives, convenait toujours pour celle-ci.

La CSN demandait par exemple qu’on élimine du protocole la notion d’« alliance syndicale » pour la remplacer par « les parties ». Elle voulait aussi des modifications au partage des coûts, ainsi que l’imposition d’un représentant de chaque association au comité de rédaction des conventions collectives.

De même, la CSN se plaignait de n’être pas assez présente à son goût dans les médias, même si elle ne représente que 6 % des travailleurs de l’industrie. Elle demandait de « modifier les règles relatives aux relations publiques de manière à assurer une plus grande visibilité de toutes les associations ».

La FTQ-Construction représente 43 % des 192 000 travailleurs, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International) en représente 23,6 %, le Syndicat québécois de la construction 19 % et la CSD-Construction 8,8 %.

« Le protocole proposé par la majorité des associations a fait ses preuves au cours des deux dernières rondes de négociation et celui-ci rallie la grande majorité des travailleurs », a tranché le Tribunal d’arbitrage.

La vraie négo pourra commencer

Les conventions collectives dans l’industrie de la construction arriveront à échéance le 30 avril prochain.

Toutefois, compte tenu des tensions et conflits qui ont perturbé l’industrie, lors des dernières négociations, le ministre du Travail, Jean Boulet, et plusieurs organisations syndicales souhaitaient commencer ces négociations beaucoup plus tôt qu’à l’habitude, afin d’accroître les chances de conclure une entente.

Le ministre du Travail et de l’Emploi avait même pris la peine de rencontrer les acteurs du milieu, en février dernier, pour leur faire savoir qu’il voulait améliorer le climat de travail dans l’industrie et faciliter les négociations. Voulant éviter un conflit de travail, il avait dit souhaiter que les prochaines négociations avec les associations patronales commencent le plus tôt possible en 2020.

Des associations syndicales avaient alors dit être prêtes à commencer les négociations avec les associations patronales dès le printemps ou en juin. Elles avaient d’ailleurs déploré le fait que la requête de la CSN-Construction retarde ces négociations. Elles pourront maintenant débuter.