Hydro-Québec examine plusieurs solutions de rechange pour alimenter les Îles-de-la-Madeleine en électricité, y compris l’utilisation de l’hydrogène et la possibilité de faire transiter l’électricité de l’archipel par les provinces maritimes.

Hydro-Québec annonce qu’elle réalisera « une analyse des caractéristiques et des risques d’une alternative de raccordement des Îles-de-la-Madeleine via les provinces maritimes » et « la livraison d’électricité passant par un réseau voisin à travers un lien d’interconnexion ».

Ce scénario fait partie des solutions envisagées pour remplacer la centrale au diesel polluante qui alimente les Îles-de-la-Madeleine, a fait savoir la société d’État à la Régie de l’énergie. Le projet de câble sous-marin entre la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, qui était l’option privilégiée, est remis en question parce que son coût a augmenté considérablement.

Pour le remplacer, Hydro-Québec propose une liste de solutions possibles, dont le transit de l’électricité par le réseau des provinces maritimes, soit par le Nouveau-Brunswick ou la Nouvelle-Écosse. Un lien sous-marin entre la Nouvelle-Écosse et les Îles, par exemple, serait plus court et moins coûteux que le câble envisagé pour relier l’archipel au réseau québécois.

Les options de construire une toute nouvelle centrale alimentée à la biomasse forestière, un parc d’éoliennes en mer ou un parc solaire avec stockage seront aussi analysées. Tous ces scénarios seront soumis à la population locale lors d’une consultation qui se tiendra cet automne.

Un retour à la case départ

La longueur de cette liste de solutions de rechange fait croire au député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, qu’Hydro-Québec revient à la case départ et qu’il faudra encore des années avant de remplacer la centrale au diesel qui alimente les Madelinots en électricité.

« Tout est sur la table, y compris des solutions qui sont encore à l’étape de la recherche », constate-t-il.

Hydro entend en effet évaluer « divers types de combustibles carboneutres disponibles » pour savoir lesquels seraient « les plus susceptibles de remplacer le combustible actuellement utilisé à la centrale thermique, en partie ou en totalité ».

Aucun combustible carboneutre n’est nommé dans le plan soumis à la Régie de l’énergie.

Nous évaluons présentement la famille des carburants carboneutres tels que, par exemple, le biodiésel, le méthanol, le gaz naturel renouvelable, l’hydrogène gazeux, etc.

Cendrix Bouchard, porte-parole d’Hydro-Québec

« Nous n’avons pas encore arrêté notre choix », a-t-il précisé.

Le maire des Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Lapierre, a déjà dit qu’il verrait d’un bon œil le recours à plusieurs technologies de production d’énergie renouvelable, associées à du stockage, pour assurer l’autonomie de l’archipel.

Le député Joël Arseneau, de son côté, souligne qu’Hydro-Québec devra tenir compte de l’acceptabilité sociale de ses projets.

Le parc éolien actuellement en construction aux Îles ne fait pas l’unanimité et il comporte seulement deux turbines. La construction d’un parc éolien en haute mer ou d’un parc solaire qui occuperait une superficie importante du territoire de l’archipel soulèverait sans doute de l’opposition.

Hydro-Québec évaluera les coûts d’investissement, les coûts d’exploitation et les émissions de GES associés à chacune des options. Elle devrait présenter le résultat de ses analyses à la Régie de l’énergie en mai 2021. En attendant, la société d’État entend poursuivre les études sur le projet de câble sous-marin qui, s’il est remis en question, n’est pas abandonné. Et d’ici là, la centrale au diesel continuera d’émettre des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. À elle seule, la centrale des Îles est responsable de 40 % des gaz à effet de serre du réseau d’Hydro-Québec.

Les scénarios à l’étude

1) Raccordement via les Maritimes : un câble sous-marin entre la Nouvelle-Écosse et les Îles-de-la-Madeleine, par exemple, réduirait le coût de cette option parce que la distance est plus courte qu’entre la Gaspésie et l’archipel.

2) Production éolienne avec stockage : cette option inclut la possibilité d’installer des éoliennes en mer.

3) Production solaire avec stockage : cette solution nécessite une grande superficie et les contraintes d’espace sur les territoires des Îles-de-la-Madeleine seront examinées.

4) Conversion de la centrale thermique existante au gaz naturel : des études sont nécessaires pour estimer les coûts de conversion de la centrale et de l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié.

5) Une nouvelle centrale alimentée à la biomasse forestière : l’approvisionnement en biomasse forestière et son entreposage aux Îles seront examinés, de même que l’investissement requis pour la construction d’une nouvelle centrale.

6) Utilisation d’un combustible carboneutre : les types de combustibles carboneutres disponibles seront évalués, ainsi que leur marché prévisible à moyen et à long terme.