L’industrie touristique québécoise se prépare pour la saison estivale et n’attend que le feu vert du gouvernement Legault. Alors que des hôtels commencent à offrir des rabais pour une seconde nuit et assouplissent leurs règles permettant aux clients de faire des annulations de dernière minute, des agences de voyages, qui se spécialisent normalement dans l’organisation de séjours à l’étranger, viennent d’élaborer de nouveaux circuits 100 % québécois pour l’été 2020.

« L’envie de voyager vous manque terriblement ? Et si cette fois, le bout du monde était chez nous ?  », peut-on lire dans le communiqué de presse de Karavaniers, une agence de voyages d’aventure qui a lancé pour cet été une vingtaine de nouveaux circuits au Québec et au Canada allant de l’archipel de Mingan jusqu’au fjord du Saguenay.

« Si ça part, tout le monde va être prêt, assure Philippe Bergeron, président du groupe Voyageurs du monde pour le Canada, qui exploite également la marque Karavaniers. Je pense qu’au mois de juin, on pourra faire des voyages au Québec, ajoute celui qui se qualifie d’éternel optimiste. On fait comme si on était certains que ça allait ouvrir en juin. »

« C’est la seule façon qu’on a de réaliser un chiffre d’affaires cet été », admet-il. Pour l’agence, il s’agit d’une première. Celle-ci offre généralement des séjours à l’étranger. Mais la pandémie a changé la donne.

« On se prépare pour le moment où il y aura un signal, assure également Martin Soucy, président-directeur général de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec. On est à pied d’œuvre depuis trois semaines », dit-il, ajoutant qu’il sent une certaine fébrilité. Un plan de sécurité sanitaire est en cours d’élaboration.

Les établissements hôteliers, qui ont cessé leurs activités dans une proportion de 75 %, travaillent actuellement à « entretenir » leurs relations avec les clients dans le but de les accueillir cet été. « On veut être prêts au moment où le gouvernement dira go !  », explique Isabelle Gagnon, directrice générale du réseau Ôrigine artisans hôteliers, qui compte 30 établissements indépendants.

« Achetez aujourd’hui, #Voyagezdemain !  », lisait-on dans l’infolettre envoyée par le réseau la semaine dernière. « Prolongez votre séjour d’une nuitée additionnelle à 50 %  ! Dans les semaines à venir, partez à la découverte de nos artisans hôteliers indépendants du Québec », écrivait-on également.

Du côté du groupe Riôtel hospitalité, qui possède trois établissements en Gaspésie (Matane, Percé et Bonaventure), on se prépare à l’arrivée des vacanciers en mettant en place « tous les moyens technologiques pour permettre de respecter la distanciation sociale », explique Nathalie Blouin, vice-présidente ventes et marketing pour le groupe.

À l’hôtel de Matane, demeuré ouvert pour offrir des services essentiels, on s’affairait cette semaine à installer des bornes qui permettront aux clients de s’enregistrer eux-mêmes, limitant ainsi les contacts avec le personnel. Il sera également possible de le faire, en route, à partir d’un téléphone intelligent. « Il faut gagner la confiance des gens à venir séjourner », souligne Mme Blouin.

Réservations

Et cette confiance est peut-être en train de s’établir puisque, après un mois d’avril extrêmement tranquille du côté des réservations, « le téléphone à recommencer à sonner au Riôtel », souligne Nathalie Blouin. « Depuis deux semaines, on sent que les gens recommencent à s’informer pour réserver. On a assoupli nos conditions d’annulation. »

Cet intérêt pour planifier les prochaines vacances estivales semble également se faire sentir du côté de Karavaniers. « On a beaucoup de réservations [pour les nouveaux circuits], souligne Philippe Bergeron. On est très surpris. » Mardi, au lendemain du lancement des séjours au Québec, l’agence comptait déjà une soixantaine d’inscriptions.

Dans la province, la saison chaude représente près de 60 % des revenus générés par l’industrie touristique d’ici. Au total, celle-ci enregistre des recettes de 16 milliards et crée 400 000 emplois.