Il est facile de prévoir que le nombre d’entreprises en faillite augmentera au cours des prochains mois en raison de la crise du nouveau coronavirus. La faillite guette aussi plusieurs pays dans le monde, à commencer par ceux dont les revenus dépendent du pétrole et du tourisme.

Les pays dont l’économie était déjà fragile pourraient ne pas se relever de ce coup dur. L’Italie, qui a perdu jusqu’à maintenant près de 5500 citoyens en raison de l’épidémie, sera aussi frappée durement par la diminution à prévoir du nombre de touristes. Le pays est l’un des plus visités du monde, et le tourisme représente 6 % du produit intérieur brut italien.

Les économies de l’Italie et de la Grèce étaient déjà mal en point avant l’épidémie. Le coup porté à leur industrie touristique, qui mettra du temps à se rétablir, pourrait les mener à la faillite.

Les touristes finiront bien par revenir en Europe, dont les attraits sont là pour de bon. Même si ça prend du temps, la tour Eiffel et le Colisée finiront par faire affluer de nouveau les visiteurs.

Ce ne sera peut-être pas le cas de tous les pays qui ont développé leur industrie touristique au cours des dernières années et qui ont profité d’un boom sans précédent jusqu’à ce que le coronavirus frappe. Ceux pour qui le tourisme est vital souffriront. Aux Bahamas, par exemple, 50 % de l’économie en dépend. C’est la même chose pour Cuba et la République dominicaine, dont les économies sont au bord du gouffre en permanence.

La chute des prix du pétrole soulagera peut-être la population de certains de ces pays, qui doivent acheter du pétrole importé avec une devise faible. Mais pas tous. Le Mexique, par exemple, est un important producteur de pétrole qui compte beaucoup sur l’argent des touristes. Son économie risque d’être frappée des deux côtés à la fois. Le gouvernement mexicain avait intégré un prix de 49 $ US dans son budget de cette année, alors que la baril de brut a fini la semaine dernière à la moitié de cette valeur.

Du pétrole et rien d’autre

En plus des monarchies pétrolières du Golfe, dont les revenus viennent uniquement du pétrole et qui comptent peu de population, des pays plus peuplés comptent sur leurs revenus pétroliers pour pouvoir nourrir la population et lui assurer les services de base.

Le pétrole est synonyme de survie pour des pays comme l’Angola, l’Irak et le Nigeria. Plusieurs sont déjà dans la ligne de mire des agences de crédit. Si les prix du brut se maintiennent à leur niveau actuel, ces pays pourraient voir fondre leurs revenus de 50 à 80 % cette année, selon l’estimation de l’Agence internationale de l’énergie.

Le pétrole est la principale source de revenus en devises étrangères qui permet aux pays producteurs d’acheter des biens essentiels et d’investir dans leurs infrastructures. Dans certains cas, c’est 70 % des revenus du pays qui proviennent des exportations de pétrole.

Même la richissime Arabie saoudite, qui a lancé la guerre de prix actuelle en inondant le marché au moment où la demande s’effondre en raison de la pandémie, pourrait faire faillite.

Le royaume produit le pétrole le moins cher sur la planète, mais il dépense plus que ce qu’il engrange en revenus pétroliers. Comme il a besoin d’un prix de 80 $ US pour maintenir son train de vie – notamment ses dépenses militaires – et pour ne pas creuser son déficit, le pays devra puiser dans ses réserves de devises étrangères pour respecter ses obligations financières.

L’Arabie saoudite affirme pouvoir soutenir la guerre pendant des années, grâce à ses réserves de devises qui atteignent 500 milliards US. La Russie, qui lui tient tête dans ce conflit, a des réserves équivalentes de devises, mais une économie plus diversifiée, qui lui permet elle aussi de tenir pendant des années.

Les deux puissances pétrolières pourraient se tenir tête longtemps, ce qui maintiendra le prix du brut très bas. Et la demande mondiale sera longue à revenir, compte tenu de la récession d’une ampleur encore jamais vue qui s’annonce.

Au final, plusieurs spécialistes estiment que les Saoudiens pourraient perdre la guerre qu’ils ont eux-mêmes lancée et se retrouver en défaut de paiement. L’Arabie saoudite en faillite ? Plusieurs autres pays moins nantis sombreront avant, probablement.