(Londres) La Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé une baisse surprise et drastique de ses taux mercredi afin d’aider l’économie britannique face au « choc » de l’épidémie de coronavirus, une décision qui intervient juste avant la présentation du budget par le gouvernement.

L’institution monétaire indique mercredi dans un communiqué, avoir décidé à l’unanimité et à l’issue d’une réunion d’urgence, une diminution de ses taux qui passent de 0,75 % à 0,25 %.  

Dans la foulée, la livre sterling s’est brutalement affaiblie face au dollar et à l’euro avant de se reprendre et de repartir à la hausse.

L’ampleur de cette baisse des taux est la plus importante depuis début 2009, au plus fort de la crise financière internationale. Les taux reviennent à leur plus bas historique, un niveau déjà atteint dans les mois qui ont suivi le vote pour le Brexit.

Cette intervention d’urgence survient alors que la croissance britannique est ressortie nulle sur la période de trois mois achevée fin janvier, comme au quatrième trimestre, avant même l’entrée en vigueur du Brexit et l’arrivée de la crise du COVID-19 qui paralyse l’économie mondiale depuis.

Se voulant rassurante, la Banque centrale britannique a assuré qu’elle se tenait prête à « prendre toutes les autres mesures nécessaires », a déclaré son gouverneur Mark Carney lors d’une conférence de presse.

La BoE va en outre encourager les banques à prêter aux entreprises et aux ménages, estimant que « l’activité va probablement s’affaiblir significativement au Royaume-Uni dans les prochains mois ».  

Elle a opté par ailleurs pour un assouplissement des règles de solvabilité afin que les banques aient plus de souplesse pour financer l’économie.

Fait inhabituel, M. Carney, qui quitte son poste en fin de semaine, s’est exprimé aux côtés de son successeur Andrew Bailey, actuel patron du régulateur financier britannique.

La BoE emboîte le pas de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a déjà sabré ses taux de 0,5 point de pourcentage la semaine dernière sans attendre sa réunion régulière, afin de soutenir l’activité et de rassurer des marchés affolés par l’avancée de l’épidémie de coronavirus.

Action concertée

Tous les yeux se tournent à présent vers la Banque centrale européenne (BCE), qui doit dévoiler son dispositif jeudi à l’issue de sa réunion.

Dans son communiqué, la BoE, qui doit tenir sa réunion habituelle à la fin du mois, s’attend à un « choc économique qui pourrait être vif et important mais devrait être temporaire », sans donner de prévision chiffrée mais estimant que les PME vont être particulièrement touchées.

En revanche, M. Carney a estimé qu’il n’y a « pas de raison » que le choc économique soit aussi fort qu’en 2008 « si nous agissons comme nous le faisons et s’il y a un soutien ciblé face à une situation temporaire et difficile ».

Ces mesures spectaculaires ont été saluées par l’organisation patronale CBI qui estiment qu’elles peuvent faire « une vraie différence dans les semaines qui viennent ».

Cette action est « concertée » avec le gouvernement, a dit M. Carney, quelques heures avant la présentation du premier budget post-Brexit.

Selon Neil Wilson, analyste chez Markets.com, « c’est une décision intelligente d’agir avant la prochaine réunion prévue et de faire cela le jour du budget pour maximiser l’efficacité de la baisse des taux en la liant à des mesures budgétaires ».

Le ministre des Finances Rishi Sunak quittera comme de coutume dans la matinée le 11 Downing Street avec à la main la célèbre mallette rouge qui abrite le texte de son discours, avant de prendre la parole à 8 h 30 devant le Parlement.

Défi de taille

Le défi est de taille pour le chancelier de l’Echiquier, qui n’aura eu qu’un mois depuis sa prise de fonction pour préparer un budget censé tourner la page de l’austérité et répondre aux promesses du premier ministre Boris Johnson.

Mais la crise du coronavirus a changé les plans au dernier moment et devrait contraindre le gouvernement à dépenser des milliards de livres pour éviter une sortie de route de l’économie, reportant probablement certains investissements promis dans les infrastructures.

Le premier budget pour le Royaume-Uni depuis 18 mois, compte tenu des reports successifs engendrés par le Brexit et les élections, sera l’occasion en outre pour les pouvoirs publics de dévoiler leurs prévisions économiques pour les années qui viennent.