(Montréal) La tenue d’un référendum au Maine en novembre que souhaitent des opposants au projet de ligne de transport d’hydroélectricité proposé par Hydro-Québec et son partenaire américain semble de plus en plus probable.

Selon les responsables de cet État américain, 69 714 signatures d’électeurs inscrits ont été récoltées par les opposants, soit bien au-delà des quelque 63 000 nécessaires afin de paver la voie à une consultation à l’occasion de l’élection présidentielle prévue à l’automne.

Le Parlement du Maine se penchera maintenant sur la question. Si la demande des opposants n’est pas approuvée dans son intégralité, le secrétaire d’État Mathew Dunlap rédigera la question qui figurera sur le bulletin le 3 novembre.

Quelque 75 000 signatures d’opposants au New England Clean Energy Connect (NECEC), dont le tracé doit passer par l’État afin d’acheminer de l’hydroélectricité vers le Massachusetts, ont été récoltées avant d’être vérifiées par le secrétaire d’État du Maine.

« Nous sommes heureux que les électeurs puissent avoir l’occasion (d’enterrer) ce corridor », a souligné la directrice de « Say NO to NECEC », Sandi Howard, par voie de communiqué.

Si le Parlement du Maine opte pour un référendum, on devrait avoir plus de détails entourant la question qui se retrouvera sur les bulletins de vote vers le mois de juin, a-t-elle ajouté, dans un courriel envoyé jeudi à La Presse canadienne.

C’est le certificat de la commission des services aux collectivités du Maine — une autorisation essentielle à la réalisation du corridor octroyée l’an dernier — qui pourrait faire l’objet d’un référendum.

Le comité « Clean Energy Matters » formé par Central Maine Power, le partenaire de la société d’État, a fait savoir qu’il se penchera sur la démarche des opposants dans le cadre de la cueillette des signatures afin de s’assurer que la démarche était conforme à la loi électorale de l’État.

Selon le groupe, certains signataires ne seraient pas des résidants du Maine ou des électeurs inscrits, a indiqué son directeur de campagne Jon Breed.

« Bien que nous n’ayons aucun problème avec les personnes qui ont donné de leur temps pour amasser des signatures, les tactiques des consultants politiques rémunérés derrière cet effort méritent un examen plus approfondi », a-t-il fait savoir.

Hydro-Québec est également prête à se lancer dans une campagne référendaire, ayant déjà formé son comité appelé « Hydro-Quebec Maine Partnership ».

Dans une déclaration publiée sur son site web, la société d’État a indiqué qu’elle comprenait que d’importants projets d’infrastructures comme le NECEC puissent susciter des inquiétudes chez certaines personnes.

« Nous comprenons également que les bénéfices du projet doivent faire l’objet d’explications supplémentaires », a affirmé Hydro-Québec, en ajoutant qu’elle avait l’intention de poursuivre ses efforts de sensibilisation au Maine.

Dans une lettre ouverte envoyée au quotidien Press Herald, de Portland, le professeur de droit émérite de l’Université du Maine Orlando Delogu avait estimé que la démarche des opposants était inconstitutionnelle puisque les règles de l’État concernent les lois. Dans le cas du NECEC, on parle plutôt d’un permis.

Hydro-Québec mise sur cette ligne de transport, dont la mise en service est prévue en 2022, pour acheminer 9,45 térawattheures d’hydroélectricité par année pendant 20 ans au Massachusetts dans le cadre d’un contrat dont les revenus sont estimés à environ 10 milliards US. En sol américain, la facture du projet est estimée à 950 millions US et le tracé de 233 kilomètres doit emprunter le territoire du Maine.

Les partisans du projet affirment qu’il permettra de réduire la dépendance aux énergies fossiles, réduira les émissions de gaz à effet de serre et permettra d’abaisser la facture énergétique des résidants de la Nouvelle-Angleterre.

De leur côté, les opposants craignent des conséquences sur les paysages et l’environnement, notamment. Ils affirment que le NECEC pourrait également torpiller des projets d’énergie renouvelable solaire et éolienne au sud de la frontière.

— Avec des informations de l’Associated Press